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Por Jacky Barozzi 20 de noviembre de 2024
« Louise Violet » de Eric Besnard, avec Alexandra Lamy, Grégory Gadebois et Jérôme Kircher. C’est un film chromo comme on n’en fait plus. Une ode au progrès, passablement manichéenne et à l’imagerie épinalesque, à la gloire de l’école obligatoire, républicaine et laïque. De beaux principes émancipateurs, qu’il ne fut pas aisé à imposer, notamment dans nos campagnes profondes, à la fin du XIXe siècle. Avec une convaincante Alexandra Lamy dans le rôle d’une institutrice rouge, devant s’imposer auprès des paysans, au même titre que monsieur le maire et monsieur le curé. Une belle leçon d’instruction civique salutaire en ces temps de retour du refoulé obscurantiste et religieux… https://www.youtube.com/watch?v=Max_H3tsHbA 
Por Jacky Barozzi 19 de noviembre de 2024
« Le Royaume » de Julien Colonna, avec Ghjuvanna Benedetti, Saveriu Santucci et Anthony Morganti. Dès la première scène, où sous le chant stridulant des cigales nous découvrons une impitoyable chasse au sanglier, nous comprenons que nous allons assister à un film alliant une haute virtuosité formelle à un scénario puissant. Une sombre histoire de vengeance héréditaire pour la maitrise du pouvoir au sein d’un pays singulier. Le Royaume dont il est en effet question n’est autre que la Corse. Une fable, tout à la fois reposante et tragique. Reposante, car le film donne plus à voir qu’à entendre. Portée par des acteurs, d’autant plus justes qu’anonymes et autochtones, la narration est réduite ici à des bribes de dialogues. Ceux surpris par une adolescente, plongée, par la force du destin, au coeur d’une lourde affaire d’hommes, machistes, silencieux et violents, selon les codes d’honneur traditionnel s en vigueur. Sur fond de paysages rudes et sublimes, qui valurent à la Corse sa réputation d’Île de Beauté. Pour son premier long métrage, projeté au dernier festival de Cannes et coécrit avec la réalisatrice Jeanne Herry, Julien Colonna, 42 ans, fils du parrain corse “Jean-Jé” Colonna, a eu la bonne idée de transposer ses souvenirs personnels sur le personnage féminin de Lesia (Ghjuvanna Benedetti). Donnant ainsi, par contraste, dans cette histoire de transmission père/fille, plus de relief et d’universalisme à son film. Un film pour lequel je m’en tiendrai à ces quelques généralités, vous invitant à vous faire votre propre opinion… https://www.youtube.com/watch?v=E5m_g863dkI 
Por Jacky Barozzi 15 de noviembre de 2024
« Gladiator II » de Ridley Scott, avec Paul Mescal, Pedro Pascal, Connie Nielsen, Denzel Washington et Joseph Quinn. Je pensais assister à un péplum et j’ai eu l’impression parfois de voir un film adapté d’un roman d’Alexandre Dumas, à part qu’ici le glaive remplace l’épée ! Là aussi, les scénaristes ont fait de beaux enfants à l’Histoire, sur fond de décadence romaine, d’empereurs pervers, de sénateurs comploteurs, d’ambition et de vengeance, où l’honneur et la grandeur est incarnée par de valeureux combattants. Entre guerres défensives et mises à mort dans l’arène, Paul Mescal, prince de Rome en fuite, devenu esclave et gladiateur par la force du destin, affronte de drôles de singes à tête de chien féroces dans l’enceinte du Colisée, transformée parfois au grès de batailles navales en piscine géante avec requins avides de chair sanguinolente ! Certes, l’exactitude historique en prend un coup mais le spectacle est particulièrement bien servi et le genre renouvelé. Du pur cinéma de divertissement. Que demande le bon peuple des cinéphiles ? https://www.youtube.com/watch?v=BJon6IpQbY4
Por Jacky Barozzi 14 de noviembre de 2024
"Au boulot" de Gilles Perret & François Ruffin, avec Sarah Saldmann. Qu’en dire ? A la sortie de la projection, un mot m'est venu immédiatement à l'esprit : sympathique. Mais à la réflexion, après m'être demandé si l'on pouvait faire de la bonne politique avec de bons sentiments, j'ai trouvé ce film très malhonnête. D'ailleurs, le mot film en l'occurence n'est pas le bon. Tout un plus un gentil programme de télé réalité. Deux starlettes médiatiques, parfaitement semblables dans le fond mais que tout oppose dans la forme (il n'ont pas le même fond de commerce), se retrouvent sur un plateau. C'est un boy scout de gauche, tendance LFI, plein d'empathie pour les sans dents et les gilets jaunes, perpétuellement à la recherche de faire sa BA. Elle est l'illustration parfaite de la connasse de droite, tête à claque, au discours sarkosiste-le-pénien, pour laquelle l'idéal se résume à la vie de jet setteuse et aux marques de prestige. Flairant le bon filon pour son prochain film, notre député humaniste propose à l'avocate anti feignasses et assistés perpétuels de vivre avec le smig. Elle accepte ce qui est en fait un fake contrat : il ne s'agit pas pour elle de réduire son budget mais de se mettre dans la peau de... Et elle joue parfaitement le jeu en partant au départ en talons aiguilles et se retrouvant à l'arrivée sur les genoux. Non sans se remettre en question, au passage. Tandis que lui, qui ne cesse de dire qu'il ne s'agit pas de faire du tourisme social, ne fait finalement que ça. S'en suit alors un tour de France de la misère du petit peuple, depuis les travailleurs précaires et immigrés, aux femmes seules et aux handicapés et autres accidentés de la société libérale de consommation... Un film-catalogue-catastrophe, où les problèmes ne sont que superficiellement abordés, sans analyse de leurs causes ni esquisses de la moindre solution politique. Un documentaire où l'on voit très bien qui des deux protagonistes principaux instrumentalise l'autre. D'ailleurs Sarah Saldmann est virée à la fin pour cause d’irrécupérabilité socio-politique et Ruffin offre un pastiche de la noce chez les petits bourgeois (sous forme de tapis rouge cannois et champagne) à ses « misérables ». Pas de quoi se réjouir ni applaudir… https://www.youtube.com/watch?v=FJkV1f79Gm4
Por Jacky Barozzi 13 de noviembre de 2024
Quels films voir et pourquoi ? « Gladiator II » de Ridley Scott. Pour Paul Mescal. 
Por Jacky Barozzi 11 de noviembre de 2024
« The Substance » de Coralie Fargeat, avec Demi Moore, Margaret Qualley et Dennis Quaid. D’après les rumeurs du printemps dernier, j’avais cru que le festival de Cannes de cette année avait été un petit cru. Depuis, je ne cesse de découvrir au fil des sorties en salle des films de la sélection officielle qui auraient mérité tout autant la Palme d’Or que le Anora de Sean Baker. Tel celui-ci, aujourd’hui. Un film particulièrement ambitieux et abouti pour lequel le jury s’est contenté de lui attribuer le prix du meilleur scénario. Un prix amplement justifié, au demeurant. Par sa créativité formelle et la logique implacable de sa narration, ce second long métrage de la française Coralie Fargeat transcende son genre horrifique de base et le sexe de sa réalisatrice. Dans cette fable esthétique et morale, où le Eraserhead de David Lynch est transposé dans le Hollywood de Mulholland Drive , tous les producteurs se prénomment Harvey et toutes les starlettes, remplaçables à merci, sont prêtes à tout pour devenir ou rester immortelles. Une vision pas tout à fait adéquate avec la bien pensance post metoo en vigueur ! D’où la frilosité des jurés cannois ? Un film décapant, inventif et intelligent, atteignant au grand guignolesque et qui donne autant à frémir qu’à réfléchir, avec une Demi Moore plus que surprenante dans un rôle à sa démesure. Monstrueusement génial ! https://www.youtube.com/watch?v=piC7VcQWVnM
Por Jacky Barozzi 7 de noviembre de 2024
« Voyage à Gaza » de Piero Usberti. Fruit de la mauvaise conscience internationale, l’état d’Israel est né en 1948 et a crû et prospéré à partir du slogan sioniste : « Un territoire sans peuple pour un peuple sans territoire ». Quid des autochtones Palestiniens ? Ceux-ci furent relégués sur une portion réduite à la bande de Gaza. Une région de la Palestine constituée d'une bande de terre sablonneuse de 41 km de long pour une largeur de six à douze km, tirant son nom de sa ville principale, Gaza. Entourés par Israël et l'Égypte, là vivent, entre le littoral et les barbelés, plus de deux millions d'habitants dont 70% de déplacés. Après un premier documentaire intitulé « Un alto giorno », consacré à la ville de Turin, le jeune cinéaste Italo-Français Piero Usberti a pu passer trois mois à Gaza au printemps 2018, à l’occasion d’un échange culturel Italo-palestinien. Il avait alors 25 ans et, voyageur étranger, il y rencontra de jeunes Palestiniens de son âge. C’est dans cette zone d’inconfort, couloir entre l’Asie et l’Afrique, devenue la plus vaste prison à ciel ouvert, que l’idée de son second documentaire s’imposa à lui. Filmant la beauté des paysages et des visages de ses interlocuteurs et recueillant leurs témoignages, à l’époque des manifestations pacifistes de la Grand Marche du Retour, le cinéaste emmagasina 45 heures de rushes dont il acheva le montage une semaine avant le 7 octobre 2023. Tourné au présent, son « Voyage à Gaza », film éminemment politique et non moins esthétique, est devenu par la force de l’Histoire un film du passé. Ouvrant sur l’enterrement du jeune photographe Yasser Mortaja, tué par les soldats israéliens, et accompagné à travers l’ensemble du territoire par Sara et Jumana, ainsi que par Mohanad et Mohammed, Piero Usberti nous donne à voir les conditions de vie de jeunes Palestiniens révoltés contre l’occupant colonialiste israélien, mais coincés aussi entre les pesanteurs religieuses et culturelles traditionnelles en usage dans leurs familles et reprises par le Hamas pour mieux assoir son autorité, ainsi que leur quasi impossibilité de s’échapper de cet enfer dont ils ont déjà la nostalgie avant même de s’en être évadés. Seule respiration du film, la visite d’un vaste champ de culture de fraises bio, au sud de la bande de Gaza, qui met un peu de douceur dans un monde irrémédiablement brutal, où les ruines des villes dévastées, les corps mutilés et la mort sont omniprésents. Dur dur d’être Palestinien aujourd’hui, notamment quand on est femme ou homosexuel, et qu’on rêve de liberté et de voir le monde au-delà des frontières ! Un film édifiant, et qui pourrait être totalement désespérant si nous n'avions pas à faire aux visages souriants et à la volonté déterminée des principaux protagonistes. https://www.youtube.com/watch?v=J2Sp16oRGTI
Por Jacky Barozzi 4 de noviembre de 2024
« Juré n°2 » de Clint Eastwood, avec Nicholas Hoult, Toni Collette et Zoey Deutch. Contrairement à la critique et au public enthousiastes, j’ai été un peu déçu par le dernier opus de Clint Eastwood, 94 ans. C’est l’histoire d’un homme qui se retrouve juré d'un procès pour meurtre et découvre qu'il pourrait bien être à l'origine du crime, qui serait en fait un accident. Malgré une idée originale de départ, cela donne à l’arrivée un film de procès classique, avec quelques scènes extérieures en inserts, autour du sempiternel thème du « tous coupables » et une fin moralisatrice artificiellement plaquée. Un thriller bien mené, mais qui ne m’a pas vraiment convaincu. En revanche, je me réjouis de voir que notre vénérable acteur-cinéaste tourne toujours ! https://www.youtube.com/watch?v=RPLiGbAq2bc 
Por Jacky Barozzi 31 de octubre de 2024
« Anora » de Sean Baker, avec Mikey Madison, Mark Eydelshteyn et Yura Borisov. Natif de New York, le scénariste et réalisateur anglo-américain Sean Baker, 52 ans, semble s’être fait une spécialité en mettant en scène les travailleurs du sexe. Un sous-genre comme un autre, en somme, où il excelle ! Après « Tangerine » (2015), contant les tribulations de deux prostituées afro-américaines transgenres à Los Angeles ou « Red Rocket » (2022), narrant celles d’un acteur porno tombé dans la dèche après avoir eu son quart d’heure de célébrité et contraint de retourner vivre au Texas chez son ex-femme et sa belle-mère, Sean Baker s’attache cette fois-ci aux amours d’une strip-teaseuse de Brooklyn et du fils d’un oligarque russe. Renouant ainsi pour son huitième long métrage avec les situations hors normes et transclasses à souhait, qui nourrissent tout particulièrement son imaginaire. Si l’histoire de « Anora » n’est pas très nouvelle en soi : une sempiternelle variation sur le thème du prince épousant la bergère, mais entre un riche client et une prostituée expérimentée à la façon de « Pretty Woman », l’originalité du film tient surtout ici au talent propre à ce cinéaste singulier. Avec cette flamboyante romance, où le savoir faire de l’une et l’argent illimité de l’autre permettent de déployer les possibilités infinies dans l’art et la manière de jouir de la vie, le film nous montre cependant que l’amour ne sera pas au rendez-vous attendu. Ailleurs, peut-être ? Un conte (im)moral, qui peut se lire aussi comme la confrontation du pire et du meilleurs entre deux empires décadents : le Russe et l’Américain. Une fable on ne peut plus crue et moderne, portée par de splendides acteurs et qui a valu à Sean Baker, un habitué du festival de Cannes, une palme d’or justifiée. https://www.youtube.com/watch?v=a-nYQ5q3maA
Por Jacky Barozzi 26 de octubre de 2024
« Monsieur Aznavour » de Mehdi Idir et Grand Corps Malade, avec Tahar Rahim, Bastien Bouillon, Camille Moutawakil et Marie-Julie Baup. J’ai me le cinéma, la chanson française et les biopics. J’avais donc au moins trois bonnes raisons d’aller voir celui-ci, consacré à Charles Aznavour, fils de réfugiés arméniens, au physique peu avantageux et à la voix singulière, qui à force de travail et d’obstination est devenu, entre Charles Trenet et Johnny Hallyday, un fleuron indépassable de la chanson française et un modèle d’intégration réussie. Malgré l’ambition du film, couvrant pratiquement toute l’existence du compositeur-interprète (et accessoirement acteur), depuis sa petite enfance jusqu’à sa mort à l’âge de 94 ans en 2018, en passant par ses débuts en duo avec Pierre Roche, le pari des réalisateur s est tenu. Nous assistons à un super balayage, au gré de ses plus belles chansons, de ses amours et ses emmerdes. Mais quel roman que sa vie ! Cela valait bien un film. On peut saluer l’étonnante performance de Tahar Rahim, qui non seulement incarne le chanteur de façon convaincante mais interprète aussi lui-même la plupart de ses refrains. Et l’émouvante prestation de Marie-Julie Baup, dans le rôle de l’inénarrable et gouailleuse Edith Piaf, grande soeur protectrice et tyrannique du petit Charles. Peu importe qu’Aznavour ait été un homme plus ou moins sympathique, seul compte son incomparable talent. Intuitif, observateur hypersensible, fidèle à ses origines et à sa famille, il excellait à raconter des histoires en quelques mots, transcendant toutes formes de racisme. Un artiste universel, généreux et populaire au bon sens du terme. Personnellement, je n’ai pas été déçu du voyage et l’émotion a bien été au rendez-vous. https://www.youtube.com/watch?v=evoYNCdZGOQ 
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