« Black Dog » de Hu Guan, avec Eddie Peng, Liya Tong et Jia Zhangke.
Comment se relever et reprendre la route quand votre vie personnelle est aussi chaotique que le pays où s’enracine votre destin ?
En renouant le fil de sa propre histoire, de père en fils, et en recourant aux dieux de la mythologie chinoise, ainsi que nous le conte brillamment Hu Guan dont le film a reçu le Prix Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes.
À sa sortie de prison, Lang, responsable, dix ans plus tôt, de la mort plus ou moins involontaire d’un jeune homme de sa ville, située à l’orée du désert de Gobi, entre le nord de la Chine et le sud de la Mongolie, s’en retourne chez lui.
Devenu quasi mutique, il apprend que son père, rongé par l’alcoolisme et l’amertume, a déserté leur maison et travaille désormais dans un zoo en voie de désaffection, tandis la ville toute entière est la proie de terribles engins de démolition.
Nous sommes à la veille des Jeux Olympiques de 2008, l’occasion pour le pays d'afficher une vitrine séduisante de la Chine moderne !
Dans ce décor pré-apocalyptique, où une horde de chiens sauvages a remplacé les habitants, Lang, n’aura pas d’autre choix que de traquer lui-même les chiens errants pour le compte des autorités locales.
Jusqu’à sa rencontre avec le plus rebelle et le plus cruel d’entre eux, un lévrier noir, indomptable et efflanqué, qu’il va finir par amadouer.
Leur deux solitudes s’étant adoptées l’une l’autre.
Ainsi, Lang, telle la divinité chinoise Erlang, habituellement représentée en parcourant les cieux avec un chien élancé et racé à ses côtés, va errer à travers les décors fantomatiques de cette ville, traversée seulement par une troupe de cirque ambulant.
Un beau film d’auteur audacieux, qui rappelle en bien des points le cinéma désenchanté de Jia Zhangke, qui joue d'ailleurs ici le rôle de l’ oncle Yao, avec une mise en scène et une photographie superbement soignées, qui n’est pas sans analogies avec le magistral « White God » du cinéaste hongrois Kornél Mundruczó (2014).
Et aussi les westerns stylisés de Sergio Leone.
À noter la formidable prestation de Eddie Peng, dans le rôle de Lang, et celle tout aussi attachante du lévrier noir.
https://www.youtube.com/watch?v=51jvOeMrGvU
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