Jardins

par Jacky Barozzi 19 janvier 2022
Jacques Barozzi et Marie-Christine Bellanger-Lauroa Histoire des jardins de Paris Des Tuileries au parc de Bercy Avant propos L’histoire des jardins de Paris, c’est aussi celle de l’évolution de la ville, à travers les personnages qui l’ont façonnée et les grands épisodes qui l’ont marquée, mais c’est encore celle de l’évolution de l’art des jardins, où s’expriment les grands courants de pensée et les sensibilités. Jardins classiques au tracé régulier, jardins pittoresques et anglo-chinois au dessin mouvementé, parcs haussmanniens aux paysages recréés, jardins des années 30 à la rigueur monumentale, jardins contemporains partagés entre une intégration à l’espace urbain et une incitation à l’imagination, ils offrent autant d’images et de visages de Paris qui s’enorgueillit du privilège de cette diversité. Expression du faste et de la gloire, de l’ouverture au monde, de l’émotion artistique ou de la recherche du bien-être, le jardin est un symbole, en perpétuel renouvellement, de nos croyances et de nos aspirations, que leurs auteurs ont su transcrire dans le paysage parisien pour les transmettre à la postérité. Ces pages vous invitent à les découvrir, chacun avec son histoire singulière, en partant du plus ancien, celui des Tuileries, et que soient remerciés tous ceux qui, des plus grands créateurs aux plus modestes jardiniers, nous permettent de les apprécier et de les admirer.
par Jacky Barozzi 16 janvier 2022
Les premiers jardins publics : le XIX° siècle La première moitié du XIX° siècle ne se singularise pas dans l’art des jardins. Napoléon se soucie davantage d’urbanisme ; ses architectes favoris, Charles Percier et Pierre Fontaine tracent la rue de Rivoli à partir de 1800 le long du jardin des Tuileries en empiétant sur la terrasse des Feuillants et l’avenue de l’Observatoire est percée après 1810 sur l’ancien terrain des Chartreux qui est venu agrandir après la Révolution le domaine du Luxembourg. Les quais, les ponts, les égouts, les canaux, les marchés, les abattoirs, les fontaines, les arcs de triomphe, etc. intéressent davantage l’empereur. En 1804, après l’interdiction des inhumations dans la capitale, est créé extra-muros le cimetière de l’Est ou du Père- Lachaise, qui sera suivi par ceux du Sud ou de Montparnasse et du Nord ou de Montmartre, trois nécropoles qui se retrouveront à l’intérieur des frontières de la ville après l’annexion de 1860 et formeront autant d’espaces de verdure. En 1814-1815, c’est la guerre et les alliés coalisés contre l’empereur installent leur campement sur les Champs- Élysées qu’ils dévastent tandis que de nombreux arbres sont abattus dans les bois de Vincennes et de Boulogne. La Restauration voit s’élever des quartiers neufs, au nord et au nord-ouest de Paris, quartiers Poissonnière, de l’Europe, de la Nouvelle-Athènes, François Ier, et des lotissements extra-muros à Grenelle ou aux Batignolles. Les Tuileries et les Champs-Élysées ont été rénovés et embellis et constituent des lieux de promenade très à la mode mais on ne crée pas de jardin dans les nouveaux quartiers parisiens. Ils sont d’ailleurs assez aérés, contrairement au centre de la capitale et au faubourg Saint-Antoine où le peuple s’agite et s’oppose au régime, qu’il fait chuter en 1830 ; la monarchie de Juillet subira le même sort en 1848. A partir de 1841 est élevée une nouvelle enceinte fortifiée que Thiers fait construire pour protéger la ville, car le souvenir des années noires de 1814 et 1815 reste présent dans tous les esprits. Entre le mur des Fermiers généraux – nos boulevards extérieurs – et l’enceinte de Thiers – nos boulevards des Maréchaux –, il y a de nombreux villages, qui gardent encore leur indépendance et pour la plupart d’entre eux leur caractère champêtre ; peu à peu, cependant, constructions et petites industries gagneront du terrain et après 1837, date de l’inauguration de la gare Saint-Lazare, le chemin de fer contribuera largement à cette expansion. La nouvelle enceinte n’est pas encore achevée lorsqu’en 1844, le préfet Rambuteau crée un jardin au chevet de Notre-Dame : le square de l’Archevêché, actuel square Jean-XXIII, fut le premier véritable jardin public de la capitale. Jusqu’au milieu du XIX° siècle, les rues du centre de Paris sont trop étroites pour recevoir des plantations ; des arbres d’alignement, essentiellement des ormes, agrémentent le Cours-la-Reine, les Champs-Élysées et les Boulevards et les quais de la Seine sont plantés de peupliers. Cependant Rambuteau s’efforce d’accroître la présence d’arbres sur les avenues et les places et fait planter plus du tiers des 38 000 arbres recensés en 1855. La ville conserve ses abords campagnards et les promenades des Parisiens les conduisent au bassin de la Villette ou à la barrière de la Rapée, ainsi qu’au bois de Vincennes que des servitudes militaires de plus en plus importantes amputent progressivement. Dans l’art des jardins, peu de nouveautés, sinon un attrait pour les réalisations horticoles et un goût pour les contrastes de feuillages dont on alterne les colorations.
par Jacky Barozzi 8 janvier 2022
Les jardins des an nées 30 Après la Première Guerre mondiale s’élabora le projet d’entourer Paris d’une vaste “ceinture verte” sur l’emplacement des anciennes fortifications de Thiers : 33 kilomètres de verdure sur l’espace compris entre les actuels boulevards des Maréchaux et le périphérique, qui auraient permis d’unir la ville et la banlieue par la création d’un réseau de jardins, d’espaces libres et de terrains de sport, un projet soutenu et encouragé particulièrement par Jean- Claude Nicolas Forestier qui participa à son étude. Au-delà des fortifications elles-mêmes s’étendait une zone militaire non aedificandi de 250 mètres de large, appelée la “zone” car elle avait accueilli au fil des ans baraquements et roulottes où vivait une population miséreuse et marginale. L’idée de démolir les fortifications, qui avaient démontré toute leur impuissance lors du conflit de 1870 et constituaient un véritable frein à la croissance de la ville, avait germé dès 1882 mais elle ne fut mise en œuvre qu’après la guerre, en 1919, pour s’achever en 1929. L’espace ainsi libéré, près de 800 hectares, fut finalement l’objet d’une vaste opération immobilière, car Paris souffrait cruellement du manque de logements et la “ceinture verte” devint une succession de grands ensembles d’HBM (habitations à bon marché) construits à partir de 1925, entrecoupés d’équipements de sport et de quelques jardins. Ainsi naquirent, entre autres, la Cité internationale universitaire de Paris créée en 1920, le Parc des Expositions de la porte de Versailles après l’Exposition universelle de 1925, le stade Pierre-de- Coubertin (1936-1938), l’ancien vélodrome du Parc des Princes démoli en 1959, le stade Jean-Bouin et la piscine Molitor (1929), mais aussi le parc Kellermann (1937) ou celui de la Butte du Chapeau-Rouge (1939), et le tout serait ceinturé quelques années plus tard par le boulevard périphérique (1957-1973).
par Jacky Barozzi 1 janvier 2022
Parc André-Citroën, 15e arr. Les jardins contemporains Après la Seconde Guerre mondiale, c’est la reconstruction, suivie par un important développement urbain lié à la croissance économique. De grands ensembles s’élèvent et les jardins perdent leur rôle de mise en valeur de l’architecture. On parle désormais d’espace vert plus que de jardin et ce sont bien des espaces en effet, au caractère fonctionnel, qui sont aménagés pour servir de liaison entre les constructions et les végétaux y sont peu nombreux. Parmi quelques belles réalisations de cette époque, le jardin Shakespeare est aménagé en 1953 dans l’enceinte du Pré-Catelan et le square des Poètes en 1954 à la porte d’Auteuil. Mais c’est le Parc floral de Paris, inauguré en 1969 dans le bois de Vincennes, qui va marquer le début d’une nouvelle ère de création en matière de jardins.
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