« Coup de chance » de Woody Allen, avec Lou de Laâge, Melvil Poupaud, Niels Schneider et Valérie Lemercier.
Woody Allen, 87 ans, présente son 50e films, 100% français.
Fanny (Lou de Laâge) est mariée à un riche homme d’affaires (Melvil Poupaud) quand elle croise, par hasard, sur un trottoir de l’avenue Montaigne, Alain (Niels Schneider), un ancien camarade du lycée français de New York, qui lui déclare avoir toujours été amoureux d’elle sans jamais oser le lui avouer.
S’en suit une longue romance, enfilant paresseusement l’un après l’autre les clichés les plus éculés d’un adultère sur papier glacé des beaux quartiers de Paris, évoquant un interminable clip commercial au profit du groupe LVMH !
C’est alors que le spectateur que je suis, qui avait pourtant bien aimé ses derniers films, s’interroge, passablement consterné.
Les ravages de l’âge ou la perte de l’usage de sa langue et de son territoire de prédilection sont-ils responsables de cette débâcle ?
Comme si le transfert de ses habituelles histoires d’intellectuels new yorkais sur des bobos BCG parisiens ne supportait pas le voyage.
Soudain, après une bonne moitié du film, celui-ci bascule sensiblement d'un genre dans un autre, passant du roman-photo rose Barbie au polar noir Simenon.
Avec l’entrée en scène de Valérie Lemercier, dans le rôle de la belle-mère sympathique mais passablement curieuse, les acteurs-mannequins de la première partie reprennent un peu d’épaisseur et le film de profondeur.
De quoi dynamiser ce scénario linéaire et le sauver du désastre total.
On se souvient alors que le coup de chance dont il est question ici est celui de Woody Allen lui-même, sur lequel plane un sombre contrat qui l’empêche désormais de créer dans son propre pays et qui, jouissant chez nous d’un statut de migrant privilégié, tourne encore.
De quoi fournir un second degré à ce film qui en a bien besoin…
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