L'actrice annonçant, depuis Berlin, la bonne nouvelle au réalisateur, consigné en Iran.
« Le Diable n'existe pas » de Mohammad Rasoulof, avec Ehsan Mirhosseini, Shaghayegh Shourian, Kaveh Ahangar, Alireza Zareparast et Salar Khamseh.
Ce long film d’une durée de 2 h 32, qui a obtenu l’ Ours d’or au Festival de Berlin 2020, est constitué de quatre parties, qui se répondent l’une l’autre.
Un subterfuge qui a permis à Mohammad Rasoulof de déclarer réaliser des courts métrages et de déjouer ainsi les pressions de la censure, essentiellement polarisée sur les longs métrages.
Depuis « Un homme intègre », présenté au Festival de Cannes en 2017, celui-ci est en effet dans le collimateur des Mollahs iraniens, qui l’ont, à la suite de ce dernier film, condamné à un an de prison ferme et interdiction de filmer pour « activités contre la sécurité nationale et propagande contre le régime ».
Il est actuellement assigné à résidence avec l’interdiction de quitter le territoire, comme son célèbre confrère Jafar Panani.
En affirmant que le Diable n’existe pas, et peut-être Dieu lui-même, le cinéaste ne remet-il pas en question la loi religieuse qui régit le pays et ne renvoie-t-il pas chaque individu à son libre arbitre ?
Attitude impensable en régime totalitaire !
C’est en effet la question morale principale qui traverse les quatre actes de ce film puissant, dont le dénominateur commun est la peine de mort.
Faut-il accepter, par prudence, par peur et pour son propre confort, ou faut-il refuser et en assumer les dures conséquences, de tirer le tabouret sous les pieds des pendus exécutés par charretées entière dans l’Iran d’aujourd’hui ?
Tel est le dilemme qui se pose aux jeunes conscrits de ce film, qui illustre les divers cas d’espèce entre ceux qui se soumettent et ceux qui résistent.
Un film lourd, tranchant, sans aucune échappatoire pour le spectateur, sinon la beauté des images d'une nature rude et sauvage, qui lui offrent une respiration salubre loin de la ruche grouillante et inhumaine de Téhéran !
P.S. : Je suis chaque fois intrigué lorsque je visionne l'un de ces films iraniens, régulièrement présenté dans les grands festivals internationaux, de constater que les femmes, unanimement condamnées à être voilées, le porte le plus souvent de façon relâchée, de manière à montrer le départ de leur chevelure. Et que les cinéastes puissent toujours réaliser des films particulièrement virulents contre le pouvoir en place. Peut-on imaginer durant le régime de Vichy, sous occupation allemande, de tels films remettant en cause la politique de collaboration ou les mesures antisémites ? Un reste de tradition persane, sans doute...
https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19587923&cfilm=280802.html
contact : jackybarozzi@aol.com