« La Pièce rapportée » d’Antonin Peretjatko, avec Anaïs Demoustier, Josiane Balasko, Philippe Katerine, William Lebghil et Sergi Lopez.
Peu de monde ce vendredi en début de soirée à la Bastille pour rire avec Josiane Balasko.
Il faut dire que « l’humour décalé » d’Antonin Peretjatko n’est pas tout à fait conforme à l’esprit de celui de la bande du Splendid, plus fédérateur.
Ce troisième long métrage du cinéaste de La Fille du 14 juillet (2013) et de La Loi de la Jungle (2016), s’inscrit plutôt dans la tradition du vaudeville et du théâtre de boulevard, alliant au comique de situation le comique des personnages, histoire de faire rire le bourgeois sur lui-même.
On est plus près ici de Sacha Guitry ou d’Henri Berstein que de Coluche à proprement parler, avec toutefois une bonne dose d’uchronie et des dialogues ironiques, propres et gentils, mais ne manquant pas d’un certain cynisme.
De quoi amuser désormais le bobo ?
Dans le rôle de la vieille bourgeoise acariâtre, partagée entre son hôtel particulier de l’avenue Foch et sa villa d’Antibes, Josiane Balasko est au-delà de la caricature.
En fauteuil roulant à la suite d’un accident de jeunesse : une balle malencontreuse reçue dans le dos lors d’une chasse à courre où en guise de sangliers on lâchait des… Gilets jaunes (huit morts au tableau), Adélaïde Château-Têtard, dite aussi la Reine Mère, règne impitoyablement sur son petit monde : son grand benêt de fils de 45 ans (Philippe Katerine), son chauffeur-amant, dévoué corps et âme (Sergi Lopez) et sa sainte bonne et martyre espagnole.
Un milieu désuet et privilégié, où l’on sable le champagne à l’annonce de l’abolition de l’impôt sur la fortune, et dans lequel va s’introduire une « salope de pauvre », incarnée par l’ingénue Anaïs Demoustier : une enfant de la DAS, intérimaire à la RATP, où elle va rencontrer, à l’occasion de la grève des taxis parisiens, l’héritier des Château-Têtard, contraint à prendre le métro pour la première fois de sa vie.
S'ensuit un coup de foudre réciproque et une demande mariage, au grand dam de la belle-mère.
C’est ainsi que « la pièce rapportée » va mettre à bas et en branle cet édifice de privilèges et donner tout son rythme au film.
Que le spectateur se rassure néanmoins, selon le bon vieux principe du "un clou chasse l’autre", il n'assistera à nulle révolution ici, mais plutôt à l'assurance d'une parfaite continuité, conformément à l'esprit de la comédie de… boulevard !
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