« Bardot » de Danièle Thompson et Christopher Thompson, avec Julia de Nunez, Hippolyte Girardot, Géraldine Pailhas, Yvan Attal, Anne Le Ny, Louis-Do de Lecquesaing, Victor Belmondo, Noham Edjen et Oscar Lesage.
Si Vadim créa le prototype de la nouvelle femme d’après Guerre, Bardot pour sa part inventa Bardot.
Le cinéaste allait ainsi, avec un film qui est loin cependant d’être un chef-d’oeuvre, préfigurer, à sa manière, la Nouvelle Vague, l’actrice, elle, s’imposa dans toute sa singularité, avec éclat et une sensualité exacerbée.
Celle d’une femme libre et rebelle, vivant selon son bon plaisir et suivant la loi de ses propres désirs.
Une « existentialiste », en somme, mais tout en pratique et sans la théorie, qui parviendra à faire éclater les limites imposées de tous temps au deuxième sexe !
Ainsi qu’elle le fera plus tard, vivant au proche contact de la nature et des animaux, en devenant une écolo avant la lettre et en se donnant essentiellement à la cause animale.
Aussi craignais-je le pire en visionnant hier soir les deux premiers épisodes d’une série qui en compte six et que l’on peut voir en intégralité sur francetv.fr
Tout au contraire, j’ai été fort heureusement surpris par le travail accompli par Danièle et Christopher Thompson.
La fille et le petit-fils de Gérard Oury ont su éviter les pièges propres au genre bio pic, qui s’attache généralement à illustrer une période ou la vie tout entière d’une personnalité.
Avec une rare intelligence et économie de moyens, les auteurs réussissent, à nous restituer, dans le contexte du cinéma et de la presse de l’époque, alors en pleine mutation, le portrait intégral d’une belle insoumise : une femme qui aime l’amour, sans hypocrisie, irréductible à sa caste sociale d’origine, à sa condition de femme, à son métier d’actrice ou à ses idées politiques.
Elle qui très tôt, dépassée par son mythe, et n'ayant plus rien à prouver au cinéma, mit volontairement fin à sa carrière et retourna à sa propre vie.
Pour ces six épisodes, Danièle et Christopher Thompson se sont concentrés sur la période 1949-1960, avec l’apparition de Brigitte Bardot auprès du public, depuis son mannequinat et son premier grand rôle en 1952 dans Le Trou normand de Jean Boyer, avec Bourvil, jusqu'à La Vérité d'Henri-Georges Clouzot en 1960.
Une décennie qui marque la naissance et la montée au firmament du cinéma mondial de BB.
Pour cela, les auteurs devaient tout d’abord trouver la bonne actrice susceptible d’incarner la sublime Bardot.
Sans lui ressembler absolument, notamment au niveau de la voix, qu’elle a plus grave, Julia de Nunez se révèle étonnamment convaincante.
N’est-il pas de bonne traduction sans trahison ?
Autour d’elle, on découvre un casting soigné : Hippolyte Girardot est parfait dans le rôle de son industriel de père et Géraldine Pailhas dans celui de sa bourgeoise de mère.
Tout comme Victor Belmondo (Roger Vadim) et Noham Edje (Jean-Louis Trintignant).
En attendant de découvrir dans les prochaines séries Oscar Lesage (Jacques Charrier) et Louis-Do de Lencquesaing (Georges Clouzot)…
Séries que j’attends désormais avec impatience et souhaitant même, ainsi qu’ils le désirent, que Danièle et Christopher Thompson puissent mettre en chantier de nouveaux épisodes sur les décennies suivantes !
Il paraîtrait que, fidèle à elle-même, Brigitte Bardot, qui souffre actuellement de sérieux problèmes de santé, se désintéresserait de la série à elle consacrée.
Pas moi en tout cas, qui trouve que celle-ci nous parle aussi de nous et qui lui souhaite, après ça, de pouvoir partir en paix.
Tout en espérant que cet article ne devienne pas une... nécrologie.
Viva Bardot !
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