« Les Banshees d'Inisherin » de Martin McDonagh, avec Colin Farrell, Brendan Gleeson et Kerry Condon.
Sur une île isolée, au large de l’île-mère, dans l’Irlande des années 1920, où les tirs de fusils de la guerre civile se font entendre au loin, deux amis de toujours, le gentil Padraic (Colin Farrell) et son aîné au caractère plus tourmenté Colm (Brendan Gleeson), s’aimaient d’amitié tendre…
Jusqu’au jour où ce dernier décide de mettre brutalement fin à cette relation privilégiée.
Colm, violoniste et compositeur de ballades folkloriques irlandaises, déclare soudainement à Padraic qu’il ne peut plus l'encadrer et que leurs conversations stériles sont nuisibles à son inspiration créatrice.
Désemparé et désireux d’explications, ce dernier se voit méchamment rabroué et menacé même d’un sanglant ultimatum, s’il continue à vouloir le harceler de son émolliente amitié.
C’est alors que le gentil Padraic va devenir à son tour méchant et nourrir de terribles et sombres idées de vengeance.
Un thème familier au cinéaste britannique, d’origine irlandaise, Martin McDonagh, déjà abordé dans ses précédents longs métrages : « Bons Baisers de Bruges » (2008) et « 3 Billboards » (2017).
Mais ici, dans ce paysage sauvagement édenique, où les habitants se retrouvent régulièrement au pub ou à l’église, sous l’oeil inquiet des animaux familiers : vaches, ânes, chevaux, chèvres, chiens..., et où les banshees (sorcières maléfiques de la mythologie celte, liées à l’au-delà et annonciatrices de morts prochaines) sont toujours en activité, notre couple d’amis, désormais interdit de communication, n’attend même plus Godot.
Au point que dans ce microcosme symbolique, tandis que le cinéaste déploie l’impitoyable théorème d’un inexorable désamour, où la haine occupe toute la place vacante laissée par l’absence d’amour, Padraic trouvera même rassurante la rumeur lointaine de la guerre civile !
Jusqu’au policier local, brutal et père de l’idiot du village, qui se réjouit d’assister aux exécutions publiques des combattants indépendantistes sur le continent voisin.
Mais de quoi donc cette histoire est-elle la parabole ?
De l’impossibilité quasi génétique des Irlandais au bonheur et de l’ancestrale fatalité dramatique qui frappe leur pays ?
Comment alors peut-on l’aimer sans le quitter !
Un film tout à la fois sublime et désespérant…
https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19597687&cfilm=281293.html
contact : jackybarozzi@aol.com