Aujourd’hui, le château de Versailles et son parc accueillent plus de 4 millions de visiteurs chaque année. C’est l’un des quatre sites les plus visités de France. Avec un public en provenance du monde entier !
Louis XIV aurait-il pu imaginer une telle destinée pour son royal logis ?
Avait-il pressenti que son splendide palais et ses incomparables jardins survivraient plus sûrement que sa propre dynastie ?
On se souvient que les combats de la Fronde, qui agitèrent la capitale au milieu du XVIIe siècle, l’avaient laissé passablement traumatisé. Quand, notamment, à dix ans, dans la nuit du 6 janvier 1649, sa mère et lui durent quitter en toute hâte le Palais-Royal, pour venir se réfugier à Saint-Germain, et se placer sous la protection du prince de Condé. C’est, dès cette époque, que « le rêve de Versailles » de Louis XIV se situerait, ainsi que le rappelle Erik Orsenna : « Les grands desseins d’une vie, le plus souvent des revanches, se forgent dans l’enfance. On peut parier que le rêve de Versailles est né à Saint-Germain, cet hiver-là qu’il gelait à pierre fendre : un jour je construirai un château pour le soleil, un jour les Grands, tous les Grands orgueilleux du royaume, viendront en foule m’y faire leur révérence et balaieront devant moi le sol de leurs chapeaux. » (Portrait d’un homme heureux - André Le Nôtre 1613-1700, Fayard, 2000).
En 1661, dégagé de la tutelle de Mazarin, et jalousement aiguillonné par l’exemple, intolérable, de la magnificence de Vaux-le-Vicomte, le jeune Louis XIV put enfin donner corps à son rêve.
C’est ainsi que l’ancien pavillon de chasse de Louis XIII, deviendra, pour son fils, le lieu idéal du pouvoir absolu. S’attachant au destin du roi des jardiniers, qui, a quarante ans passés, avait enfin pu donner toute la mesure de son art de paysagiste à Vaux, Erik Orsenna poursuit : « Sitôt Fouquet emprisonné, Louis XIV le pille. Les meubles, les tableaux, les livres, les tapisseries, jusqu‘aux statues qui prennent la route, destination trop connue, sur des chariots bâchés, gardés par des escortes en armes. Les hommes aussi sont ravis, l’équipe entière. Dès l’automne, on les retrouve à Versailles. Le Vau, l’architecte ; Villedo et Bergeron, les entrepreneurs ; Le Brun, le peintre ; Girardon, Augier, Lourant, les menuisiers ; La Quintinie, l’horticulteur… Le Nôtre est du rapt. Consentant, ébloui. Qu’est-ce qu’un surintendant jongleur comparé au roi de France ? »
Dès lors commence à Versailles, où Louis XIV installa officiellement la Cour et le gouvernement de la France seulement en 1682, la première série de travaux d’agrandissements et d’embellissements, qui en feront pratiquement un chantier toujours inachevé...
« En ce pays-ci », ainsi que l’on désignait la Cour, au-dessus des « logeants », comme on nommaient alors ceux qui avaient le privilège de demeurer au château, longtemps régnèrent des femmes, dont la plupart n’étaient pas la Reine, mais bien plutôt la Favorite du moment : Au Versailles léger et dansant de la La Vallière succéda le Versailles hautain et capricieux de la Montespan, suivit, durablement, par celui plus austère de Madame de Maintenon. Au siècle suivant, la Pompadour redonna un air de perpétuelle fête et d’insouciance à ces lieux que, après quelques pas timides, maintint à son tour Marie-Antoinette, avant que ne tombe le rideau final.
La Galerie des Glaces.
Ce Versailles d’Ancien Régime, noyau de la politique, des arts et de la mode, un temps dépouillé et laissé en friche, renaquit peu à peu de ses cendres en se transformant démocratiquement en un musée national et international. Non sans retrouver au passage un grand rôle historique, au moment notamment de la Commune ou du Traité de Versailles. Et ensuite, lors des multiples congrès qui y sont toujours organisés.
C’est à la Restauration, en effet, que Louis-Philippe décida, le 1er septembre 1833, d’installer à Versailles un musée historique dédié « A toutes les gloires de la France ». Le Château dès lors cessa définitivement d’être une résidence royale. Après 4 ans de travaux et 20 millions de dépenses, à ses frais, Louis-Philippe put enfin inaugurer son musée.
Le Trianon.
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