« Tirailleurs » de Mathieu Vadepied, avec Omar Sy, Alassane Diong et Jonas Bloquet.
Lorsqu’on ambitionne de suppléer aux pages manquantes de l’Histoire, il est souhaitable d’apporter plus de rigueur sur le fond et de génie dans la forme.
La référence absolue demeurant en la matière l’inégalé « Les Sentiers de la gloire » de Stanley Kubrick (1957), réhabilitant l’image des déserteurs de la Grande Guerre.
Des qualités qui, hélas, font cruellement défaut à la version des « Tirailleurs », proposé aujourd’hui par le film de Mathieu Vadepied.
La faute n’en incombe pas tant aux comédiens, notamment le premier d’entre eux, Omar Sy, dont le jeu est plutôt sobre et de bonne tenue.
Non, le problème est dû essentiellement à la partie fictionnelle du scénario improbable et mélodramatisé à l’excès, qui nous est présenté ici.
Un scénario terriblement binaire, structuré autour de deux couples divergents de relation père-fils (un blanc et un noir) et qui accouche finalement à un empilement de clichés et d’idées reçues.
À Bakary Diallo (Omar Sy), qui s'enrôle dans l'armée française pour rejoindre et protéger à tout prix son fils de 17 ans, Thierno (Alassane Diong), qui a été recruté de force, s’oppose le couple formé par le général Chambreau (François Chattot) et le lieutenant Chambreau (Jonas Bloquet).
Deux Français de (pure) souche dont le (mauvais) père, en l’occurence, préfère voir son fils mourir en héros au front, plutôt qu'en revenir sauf et sans gloire !
Ainsi, le film commence-t-il par une vision idéalisée de la vie en Afrique de cette famille aisée et parfaitement civilisée d’éleveurs, qui va se retrouver plongée, bien malgré elle, au centre du conflit et de la folie qui embrase l’Europe.
Viendront ensuite des images plutôt softs de la guerre des tranchées.
Dans le genre et sur la même période historique, on a déjà vu beaucoup mieux.
On aura également droit à la scène de l’initiation sexuelle du jeune Thierno, envoyé à la mort alors qu’il était encore puceau, avec une belle serveuse blonde et blanche à souhait !
Oui, un peu plus de rigueur et de génie auraient été souhaitables…
Le seul point positif de ce film d’hommage est de nous rappeler, du fait de la blancheur unilatérale des ossements retrouvés après guerre dans la boue des tranchées, que la possibilité que le soldat inconnu de la place de l’Etoile à Paris soit un... tirailleur Africain, n'est pas, elle, improbable !
Ironie de l'Histoire ou intégration posthume réussie ?
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