« L’Immensita » de Emanuele Crialese, avec Penélope Cruz, Vincenzo Amato et Luana Giuliani.
Dieu que ce film sur le désenchantement général d’une famille de néo bourgeois enrichis dans la Rome des années 1970 m’a agacé !
De quelle immensité s’agit-il, n’ai-je cessé de me demander durant toute la projection, là où je ne voyais essentiellement que la médiocrité des personnages et la matérialité consumériste dans laquelle ils baignaient à l’époque ?
Loin du néo réalisme d’après guerre, nous suivons les pas, ici, d’une famille du baby-boom et de la reconstruction flamboyante et anarchique italienne : la société agricole archaïque laissant définitivement la place à la société industrielle et urbaine.
Dans la famille Borghetti dont il est question, on trouve d’abord la mère, Clara (impeccablement incarnée par Penélope Cruz), puis le père, Felice (Vincenzo Amato), macho à souhait et leurs trois enfants : l’aînée Adri, un garçon manqué, comme on disait alors, tandis qu’aujourd’hui on parlerait plutôt d’une fille en recherche de son propre genre ; Gino, un garçon obèse, qui exprime son mal-être en faisant caca derrière la porte du salon et enfin Diana, la petite dernière, qui ne cesse de se demander si papa et maman s’aiment encore.
Puisant dans ses propres souvenirs, le cinéaste prodige du nouveau cinéma italien : « Respiro » (2003) et « Terraferma » (2012), nous offre, onze ans après son dernier film, cette chronique familiale.
Un projet qu’Emanuele Crialese portait depuis longtemps et pour lequel, à 57 ans, il a estimé être suffisamment arrivé à maturité.
Un film en hommage à sa mère, de la part du petit Gino, et conséquemment à toute sa parentèle, des grands parents en passant par les oncles et tantes, les cousins et cousines.
Reconstitution fidèle d’une société machiste où les hommes trompent et battent allègrement leurs femmes et les parents leurs enfants.
Où l’on fume à tout va, et où l’on roule à toute berzingue, sans ceintures de sécurité.
Où les décors et les robes des femmes sont multicolores, avec une dominante pour les tons orange.
Passé la longue période d’agacement, j’ai fini par me convaincre que sur le plan purement esthétique, il me fallait bien reconnaître que le film, dans ses moindres détails et jusqu’au générique final, était plutôt réussi.
Accompagné d’une bande-son également soignée, dont le leitmotiv principal est la chanson « Mourir d’aimer » d’Aznavour, mais dans sa version italienne, sensiblement différente de la version originale.
Mais il m’a fallu m’avouer qu’on est très loin, toutefois, sur le plan éthique, de « l’ennui métaphysique » exprimé en direct à la même époque, et sur la même classe sociale, par Michelangelo Antonioni !
https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19599089&cfilm=296963.html
contact : jackybarozzi@aol.com