« Nostalgia » de Mario Martone, avec Pierfrancesco Favino, Tommaso Ragno, Francesco Di Leva et Sofia Essaïdi.
« Qui ne s’est pas perdu ne possède pas » et l’on aime bien que ce que l’on a perdu, nous rappelle en exergue du film le cinéaste et poète Pier Paolo Pasolini.
À commencer par l’innocence !
Adolescents, Felice (Pierfrancesco Favino) et Oreste (Tommaso Ragno), qu’unissait une fraternelle amitié, ont commis un acte irréparable.
Depuis, leurs chemins se sont séparés à jamais : le premier a fui en Afrique et s’est établi finalement au Caire. Il s’y est marié, y a développé une entreprise florissante et s’est converti à l’islam.
Le second est resté à Naples, où il est devenu le redouté chef de la mafia locale.
Quarante ans plus tard, Felice retourne dans sa ville natale, juste à temps pour revoir sa vieille mère, avant de l’enterrer : émouvante scène du fils donnant son bain à sa mère impotente.
Au cours de ses errances à travers les ruelles de la Sanità, l’un des quartiers les plus délabrés de Naples, entièrement sous la coupe de la Camorra, Felice est saisi par l’irrésistible désir de venir se réinstaller à Naples, la ville où il est né et où il voudrait mourir à l’heure venue.
Et même s’il sait bien qu’Oreste n’est pas aussi prodigieux que l’amie du célèbre roman d’Elena Ferrante, il tient absolument à le revoir.
Durant ses déambulations nostalgiques Felice, qui se croit incognito et est observé discrètement par mille regards, fera la rencontre de Don Luigi (Francesco Di Leva), un jeune prêtre fougueux, devenu le pire ennemi d’Oreste, qui se bat pour sortir les jeunes napolitains de la sombre fatalité à laquelle la ville condamne ses enfants.
Au-delà de l’histoire et de ses personnages, du jeu remarquable des acteurs, le principal mérite de ce long métrage, qui n’est pas à proprement parler un film de mafia, du napolitain Mario Martone, est de nous faire pénétrer en profondeur dans une des villes les plus fascinantes d’Italie.
Nous avons droit en prime à une visite des catacombes, où reposent les plus anciens morts, anonymes et poussiéreux, de Naples.
Même si pour Oreste, le passé n’existe pas, et que tout le monde conseille prudemment à Felice de quitter la ville sans tarder, celui-ci s’obstinera à vouloir y demeurer.
Un beau film singulier, de facture classique et impressionniste (est-ce la raison pour laquelle présenté en compétition au dernier festival de Cannes, il en est revenu bredouille ?), où la nostalgie se révèlera plus forte que la mort annoncée…
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