« Les Herbes sèches » de Nuri Bilge Ceylan, avec Deniz Celiloğlu, Merve Dizdar et Musab Ekici.
De la production jusqu’au montage final, en passant par l’écriture du scénario et la mise en scène, Nuri Bilge Ceylan, 67 ans, s’affirme comme un auteur complet et incontournable du cinéma mondial.
Palme d'or à Cannes en 2014, avec « Winter Sleep », dont le scénario était déjà centrée sur un trio de personnages en proie à de nombreux déchirements dans un petit hôtel en Anatolie centrale, le cinéaste turc nous conte ici l’histoire de Samet (inspirée du journal intime de son co-scénariste Akin Aksu), celle d’un prof de dessin se morfondant dans un collège d’un village reculé d’Anatolie en attendant depuis plusieurs années sa mutation à Istanbul.
Là, Samet vit en colocation avec son collègue et ami Kenan, et va faire la rencontre de Nuray, une enseignante, comme eux, mais dans un autre établissement…
Comme à son habitude, Nuri Bilge Ceylan nous introduit avec lenteur dans son film, nous offrant d'entrée de spectaculaires paysages d’un village englouti sous d’épaisses couches de neige.
Nous permettant ainsi de nous y installer en douceur et mieux nous préparer à recevoir les fragments d’humanité qu’il va nous distiller durant 3h 17min. !
C’est long mais l’on n’a pas le temps de s’ennuyer.
A la beauté des images, la profondeur de personnages bien dessinés et la vivacité des dialogues, s’ajoutent les trouvailles de mise en scène innovantes d’un cinéaste exigeant, sensible et doué.
Telle la scène où, au beau milieu d’une séquence cruciale du film, Samet quitte le plateau et passe de l’autre côté du miroir tendu entre la fiction et la réalité.
Ou encore en suspendant le mouvement des images et leur donnant du relief en les transformant en photos figées (premier métier de Ceylan)…
Le tout au service de thèmes forts : ambiguïté des sentiments dans les relations professionnelles, familiales, amicales ou amoureuses.
Impliqué dans un triangle amoureux conflictuel, Samset sera aussi accusé de harcèlement par l’une de ses jeunes élèves.
A défaut d’une deuxième Palme d’or, qu’il n’aurait pas démérité, « Les Herbes sèches » de Nuri Bilge Ceylan ont valu le prix d’interprétation féminine à Merve Dizdar, pour son interprétation dans le rôle de Nuray.
Une récompense du jury qui n’est pas exempte d’un relent de politiquement correct (ceux qui ont vu le film me comprendront)…
https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19600707&cfilm=280585.html
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