« Cahiers Noirs I - Viviane » et « Cahiers Noirs II - Ronit » de Shlomi Elkabetz, avec Ronit Elkabetz et Shlomi Elkabetz.
Les histoires de famille sont universelles.
On pourra encore le constater à la projection de ces deux films centrés essentiellement sur une famille judéo-arabe, dont les problématiques particulières n’empêchent pas à tout un chacun de s’y reconnaitre et de s’identifier à l’un ou l’autre des protagonistes.
Dans l’histoire de la famille Elkabetz, il y a le père, Eli, un enfant marocain pauvre et intelligent, qui, faute d’argent, n’a pas pu faire de longues études, bénéficiant seulement de l’enseignement de la Torah, où il puisera sa vocation religieuse. Devenu un homme d’affaires, il offrira aux siens des conditions de vie plus confortables.
Vient ensuite la mère, Miriam, de même origine sociale que son mari. Une belle femme vive, aspirant à vivre pleinement sa vie. Moins sensible aux préceptes religieux que son époux, qu’elle aime, elle est, malgré son travail de coiffeuse, terriblement frustrée de sa condition d’épouse et de mère dans un monde où le rôle de la femme est strictement circonscrit au territoire familial.
Sa fille Ronit, liée d’une relation fusionnelle avec elle, réalisera son rêve d’émancipation en devenant actrice, puis en partant plus tard s’installer en 1997 à Paris, ville qui deviendra l'oasis de liberté et de création de la soeur et du frère, quand la famille Elkabetz se sera définitivement établie en Israël.
Tout aussi fusionnelle est la relation qui la lie à son frère cadet, Shlomi. Ensemble, ils réaliseront des films et connaîtrons la notoriété, en s’inspirant de leur propre vécu familial, tel « Prendre femme » (2004), drame conjugal librement adapté de la relation de leurs parents et premier volet d'une trilogie dont le fil conducteur est Viviane (Miriam), une femme en quête d'émancipation, interprétée par Ronit.
Leur père, refusera toujours de voir les films de ses enfants, leur reprochant de jeter en pâture au public leur intimité familiale.
Shlomi, enfant sage et silencieux, qui est pratiquement né avec une caméra dans la main, a pourtant tout filmé de leur vie à tous, à Casablanca, à Tel Aviv ou à Paris et ailleurs.
Quand les événements nous dépassent, filmons-les, semble être sa devise !
C’est ainsi que nous suivrons Ronit Elkabetz, en privé et en public, jusqu’à sa consécration internationale avec « Le procès de Viviane Amsalem » (2014).
Mariée tardivement et mère de jumeaux, Ronit va subitement tomber malade, subir une chimiothérapie, perdre ses cheveux, son visage va se gonfler...
Elle aura encore le temps de bénéficier d’une phase de rémission, puis mourir en 2016 à l’âge de 51 ans.
Malgré cette « impudeur », sans laquelle il n’y a pas d’oeuvre véritable, Shomi ne montrera pas la décrépitude finale et la mort de sa soeur, dans ce film remarquable, en deux parties, élevé tout entier à sa mémoire.
Une expérience cinématographique unique dans son genre, entre travail, passion, humour et émotion.
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