« The Whale » de Darren Aronofsky, avec Brendan Fraser, Sadie Sink et Ty Simpkins.
Parmi les sorties de cette semaine, deux films se distinguent tout particulièrement.
Après le très réjouissant « Mon crime » d’Ozon, le dernier long métrage du réalisateur new-yorkais de « Black Swan » (2010) et de « Requiem for a dream » (2000), Darren Aronofsky, occupe le haut du panier.
Mais là, point de pur divertissement, nous atteignons à une dimension opposée, plus dramatique et résolument spiritualiste !
Avec un Brendan Fraser, qui connut la consécration il y a une vingtaine d’années grâce à son personnage d’aventurier désabusé dans « La Momie 1, 2 et 3 », méconnaissable ici dans le rôle d’un ogre de 270kg !
Charlie, professeur d’anglais, vit reclus chez lui et enseigne la littérature anglaise à ses élèves, en ligne sur son ordinateur depuis son appartement, en se gardant d’allumer sa caméra video : il les voit mais eux ne le voient pas.
Et pour cause.
D’autant plus que travaillant sur « Moby Dick », le célèbre roman de Herman Melville, la baleine ici c’est lui !
Ici, le héros ce n’est pas le capitaine Achab, protagoniste principal du roman, parti à la poursuite de la baleine blanche qui lui avait dévoré une jambe lors d’un précédent voyage et entraînant tout son équipage dans son obsessionnel désir de vengeance.
Non, le héros c’est la pauvre baleine elle-même, victime désignée des hommes.
Pauvre Charlie, ne parvenant plus à contrôler son poids après la perte de son compagnon, un ancien élève pour lequel il avait quitté sa femme et sa fille de 8 ans et désormais noyé dans sa graisse.
A la croisée de la littérature et du cinéma, le film de Darren Aronofsky, se présente sous forme d’un huis-clos théâtral, à la dramaturgie classique, organisé autour de situations douloureuses et fortes, mettant en scènes quelques personnages stylisés : l’aide soignante compatissante, la fille adolescente rebelle, le jeune évangéliste en mal d'évangélisation, l’ex épouse alcoolique…
Là, entre naufrage complet et rédemption du héros, où la quête d’amour le dispute à la haine de soi et des autres, se joue sous nos yeux une pièce proprement suffoquante, voire répugnante, aussi belle pourtant qu’une pièce de Tennessee Williams !
Autant prévenir le spectateur, ou ça passe, magistralement, ou ça casse, comme, là encore, pour la presse professionnelle « progressiste » : Le Monde, Libé, l’Obs ou les Cahiers du cinéma, qui n’ont pas apprécié…
Curieux aussi cette tendance chez nos cinéastes contemporains de recourir à une forme théâtrale datée : la comédie des années 30 pour Ozon, la dramaturgie des années 40-50 pour Aronofsky, afin d’aborder, en creux, des problèmes aussi essentiels et épineux que le harcèlement sexuel, pour l’un, et l’obésité galopante et suicidaire des individus dans les sociétés occidentales, pour l’autre ?
https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19598749&cfilm=289056.html
La métamorphose du comédien...
contact : jackybarozzi@aol.com