« Mon Crime » de François Ozon, avec Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, Dany Boon, André Dussollier…
Dans son vieil âge, et après une filmographie d’avant-garde impeccable, Alain Resnais avait ressenti le besoin de renouer avec le théâtre bourgeois de sa jeunesse, adaptant à l’écran « Mélo » (1986), la pièce éponyme d’Henri Bernstein.
Nous offrant ainsi une incongruité réjouissante, avec Sabine Azéma, Fanny Ardant, Pierre Arditti et…André Dussollier.
C’est dans cette même veine mélodramatique et légère, alliant le théâtre populaire d’hier au cinéma de divertissement d’aujourd’hui, que s’inscrit « Mon Crime » de François Ozon, d’après l’oeuvre de Louis Verneuil et Georges Berr.
Une parodie pareillement réussie, qui s’appuie sur une distribution impressionnante.
Au milieu des années 1930, une jeune comédienne, Marie (Nadia Tereszkiewicz, la récente révélation des « Amandiers » de Valeria Bruni Tedeschi) et une toute aussi jeune avocate (Rebecca Marder), toutes deux sans emploi, et tirant le diable par la queue dans une pauvre soupente parisienne, vont connaître la consécration : la première en s’accusant d’un crime qu’elle n’a pas commis et la seconde en assurant sa défense.
L’occasion pour ce mélodrame de virer à la comédie de moeurs, égratignant au passage la bourgeoisie d’affaire, la magistrature, la presse, le monde du spectacle et jusqu’aux représentants des classes populaires, telle l’inénarrable Myriam Boyer en concierge d’immeuble.
Tout le monde en prend pour son grade et son sexe, les hommes, cupides ou benêts, les femmes, fausses ingénues ou vraies garces !
Ici, Marie, l’actrice supposée criminelle d’un producteur libidineux, qui fait terriblement songer à Harvey Weinstein, va jouer à la perfection son rôle de défenseuse de la cause des femmes et être acquittée avec éclat, s’ouvrant ainsi la voie à de nombreuses propositions de premiers rôles sur les planches.
Mais c’était sans compter sur le coup-de-théâtre traditionnel à ce genre de spectacle, représenté ici par le retour de la vraie criminelle : La Chaumette, une ancienne star du muet dont la carrière s’était inexorablement enlisée avec l’avénement du parlant, l’éblouissante Isabelle Huppert, plus vraie que nature, malgré sa copie conforme de Sabine Azéma dans « Mélo » !
Chacune des deux femmes s’accroche à « son crime », porteur d’une célébrité certaine, dans un monde où la manipulation et le mensonge sont rois.
Mais que le spectateur se rassure, à la fin, l’amour et la morale finiront par triompher, et il pourra quitter la salle de cinéma plus amusé que désespéré, là aussi c’est propre à la loi du genre !
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