« Youssef Salem a du succès » de Baya Kasmi, avec Ramzy Bedia, Noémie Lvovsky et Abbes Zahmani.
Ecrivain anonyme et végétant à Paris, Youssef Salem (épatant Ramzy Bedia) parvient à 45 ans à faire publier son premier roman.
Refusé par toutes les grandes maisons d’édition parisiennes, son manuscrit a été repêché in extrémis par une petite éditrice indépendante (hilarante Noémie Lvovsky) et, contre toute attente, remporte un réel succès en librairie.
Au point que le livre se retrouve dans la dernière liste de sélection du prix Goncourt.
C’est alors que les ennuis vont commencer.
Bien qu’affirmant inlassablement que son roman est une pure fiction, notre écrivain, qui s’est largement inspiré de sa propre vie et de celle de tous les membres de sa famille vit désormais dans la terreur que son père ne lise l’ouvrage en question : une auto fiction où tous les travers et les non dits familiaux sont révélés en place publique.
Et comme dans toutes les familles, celle-ci, d’origine algérienne et installée à Port-de-Bouc depuis quelques décennies, n’est pas exempte de turpitudes : autour d’un narrateur masturbatoire compulsif et porté sur l’alcool, on découvre un père fin connaisseur de la langue française, mais qui a une curieuse tendance à se travestir ; une mère analphabète et soumise, qui entretient cependant une relation secrète avec le maître nageur de la piscine municipale ; une soeur lesbienne qui prétend vivre en colocation avec sa partenaire pour sauver les apparences ; une autre soeur militante agressive, pro islamiste et anti française…
Bref, toute une galerie de personnages hauts en couleur et contradictions, dans lesquels les lecteurs semblent se reconnaître et se projeter, mais qui sont autant de grenades dégoupillées, prêtes à exploser à la gueule de notre pauvres écrivain à succès !
Qui a dit que les Arabes n’avaient pas d’humour ?
Cette comédie, caricaturale et brossée à gros traits selon les lois du genre, n’en manque pas et permet, à sa manière, d’aborder les problèmes liés à la condition de la double identité culturelle.
Tel celui de la honte d’être Arabe ou celui de la haine d’être Français.
Des sujets épineux et graves que seul le rire peut désamorcer.
Ce Goncourt vaudra t-il une nomination au César ?
Rien de moins sûr cependant pour ce film drolatique et réjouissant de Baya Kasmi…
https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19599175&cfilm=288266.html
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