Maquette de la future Pagode.
Hier, je suis passé voir où en était le cinéma La Pagode dont les panneaux d'affichage annonçaient l’ouverture prochaine, après plus de huit ans de fermeture, au printemps 2023. La cheffe de chantier, une dame distinguée et casquée d’un certain âge, présente sur le chantier, et à laquelle j’ai demandé pour quand était prévue la réouverture du cinéma, m’a répondu d’un air las et agacé : « courant 2024 ! » En attendant de pouvoir y retourner, petit rappel historique de ce cinéma légendaire, que j’ai jadis beaucoup fréquenté. Je me souviens d'y avoir vu, notamment "Vera Baxter" (1977) de Marguerite Duras, au milieu d'un public composé principalement d'élégantes bourgeoises, dont une en manteau de vison véritable, qui semblaient sorties tout droit de l'écran !
7e arrondissement
Cinéma la Pagode
57bis, rue de Babylone
Métro : Saint-François-Xavier
Beau spécimen du japonisme en vogue à la Belle Epoque, la Pagode fut élevée à la fin du XIXe siècle par l'architecte Alexandre Marcel pour le compte de François-Émile Morin, directeur du Bon Marché tout proche, qui l’offrit à son épouse afin que celle-ci puisse y organiser de splendides fêtes. Mais dès l’année de l’inauguration, Madame Morin quitta son mari pour son associé, Monsieur Plassard.
Après ce coup de théâtre, digne d’un vaudeville à la Feydeau, la légation de Chine, installée au 57 rue de Babylone, l’utilisa à son tour comme salle de bal et de réceptions à partir de 1905 jusqu’à sa fermeture en 1927.
Quatre ans plus tard, La Pagode, transformée en cinéma, ouvrit à nouveau ses portes au public : c’était alors la première salle de l’arrondissement dévolue au 7e art.
Devenue un véritable temple de la cinéphilie, Jean Cocteau y présenta Le Testament d’Orphée en 1959. Dans les années 1960, elle participa à l’essor de la Nouvelle Vague en programmant des films de François Truffaut, Éric Rohmer ou Jacques Rozier. Enfin en 1982, Claude Pinoteau y tourna une séquence de La Boum 2.
Son jardin a été inscrit au titre des Monuments historiques par un arrêté du 21 février 1983, tandis que sa façade, ses toitures et sa grande salle sont classées par un décret du 21 août 1990.
Enrichie d’une deuxième salle de projection et dotée d’un agréable salon de thé, La Pagode est désormais gérée par le groupe Étoile-Cinémas.
contact : jackybarozzi@aol.com