« Great Freedom » de Sebastian Meise, avec Franz Rogowski et Georg Friedrich.
Film multi récompensé dans les festivals internationaux, à commencer par le Prix du jury dans la catégorie Un certain regard au festival de Cannes 2021, « Great Freedom » est le film de la semaine à ne pas manquer !
Même si, à notre époque du politiquement correct, la morale de cette fable cinématographique du cinéaste autrichien Sebastian Meise pourrait se résumer à : « pour vivre heureux vivons traqués ! »
Car ce n’est pas tant l’aspect politique et militant de ce film qui en constitue l’intérêt majeur, mais plutôt la tension érotique qui le baigne de bout en bout grâce à l’inextinguible quête amoureuse de son héros, Hans Hoffmann !
Précédemment envoyé en camp par les nazis sous le label de Triangle rose, celui-ci se retrouvera à nouveau emprisonné en 1945, après avoir été surpris en flagrant délit d’actes sexuels avec divers partenaires du même sexe dans une pissotière.
Début d’une longue suite d’enfermements du fait du paragraphe 175 du Code pénal, qui faisait de l’homosexualité un délit en soi, dans l’Allemagne et l’Autriche d’après guerre.
C’est ainsi que l’on suit l’histoire amoureuse et tumultueuse de Hans durant près de 25 ans, jusqu’à ce qu’au début des années 1970, la « révolution sexuelle » apporte un coup fatal à ce paragraphe répressif de la loi, qui ne sera abrogé pourtant qu’en 1994 !
Mais la force du film tient surtout dans la rencontre en prison, entre Hans et Viktor, qui n’étaient pas leurs genres au départ : l’un étant aussi gay et tendre que l’autre homophobe et violent.
Et pourtant, au fil du temps et des évènements…
Deux protagonistes aux goûts et aux caractères opposés servis par des acteurs intenses et lumineux.
Franz Rogowski, tout d’abord -qui fut danseur avant d’être acteur- promène sa silhouette nerveuse, obstinée et romantique, de Pierrot lunaire à la recherche de son étoile.
Face à lui, Georg Friedrich, condamné de droit commun pour meurtre, camé et hétérosexuel 100%, se révèlera un ami loyal de coeur et finalement de corps.
Tout cela par la grâce de l’interdit, de l’univers carcéral unisexe et de la transgression !
A noter la très belle séquence finale où Hans, libéré et séparé de son compagnon, erre l’âme en peine à travers les backrooms d’une boite homo dénommée le Great Freedom, semblant illustrer ainsi le consumérisme faussement libertaire que dénonçait déjà Pier Paolo Pasolini à l’époque…
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