Nommé par la mairie de Paris, Olivier Py, l’ancien directeur du Festival d’Avignon prend la direction du Théâtre du Châtelet, avec la mission de faire renaître cette célèbre scène, en souffrance depuis plusieurs années. « Je voudrais en faire un lieu populaire, transgressif, joyeux », a-t-il déclaré à la suite de sa nomination. Rappel historique des lieux.
C’est à l’emplacement approximatif de la forteresse du Grand-Châtelet, ancien siège de justice et de police, devenue par la suite l’une des principales prisons de Paris et démolie au début du XIXe siècle, que, sous le second Empire, à l’occasion du profond remaniement de tout le quartier environnant, le préfet Haussmann fit construire le théâtre actuel.
Dessiné par l’architecte Gabriel Davioud, le Théâtre Impérial du Châtelet, doté alors de 2500 places et considéré comme le plus vaste et le plus beau de cette période architecturale, a été inauguré le 19 août 1862.
De style Renaissance italienne, sa façade présente deux étages d’arcades en plein cintre épaulées par deux avant-corps soulignés par des pilastres d’angle et formant pavillons. Au premier étage, les arcades ouvrent sur une terrasse couverte imitant la tribune des Lanzi à Florence.
Réaménagé dans les années 1980 et modernisé, il totalise désormais 2010 places. On peut toujours voir sur son plafond les neuf cartouches mentionnant les mots suivants : danse, opéra, féerie, musique, drame, tragédie, comédie, vaudeville et pantomime. Un programme éclectique à la mesure des fluctuations de son histoire.
Conçu à l’origine pour les opérettes à grand spectacle, et abritant, le dimanche, les concerts Colonne à partir de 1865, le Théâtre du Châtelet accueillit les Ballets russes de Sergei Diaghilev en 1909. Il a vu la création le 22 mai 1911 du Martyre de saint Sébastien de Claude Debussy et Gabriele D'Annunzio, de Petrouchka de Stravinski le 3 juin 1911, ou encore celle de Parade de Satie et Cocteau le 18 mai 1917.
A son pupitre, d’illustres compositeurs et chefs d'orchestre étrangers se sont succédés, tels Tchaïkovski, Mahler ou Richard Strauss.
Au début du XXe siècle, sa programmation s'ouvrit même, un temps, à des projections cinématographiques.
À partir de 1929, sous la direction de Maurice Lehmann le théâtre du Châtelet est à nouveau dévolu à l'opérette. Dès les années cinquante, Luis Mariano et Georges Guétary y connaissent la consécration avec les principaux succès de l’époque, notamment ceux signés par le compositeur Francis Lopez.
En 1979, la direction est reprise par la Ville de Paris, propriétaire du bâtiment. Après rénovation, il rouvre en 1980 sous le nom de Théâtre musical de Paris avec à sa tête Jean-Albert Cartier. L'opérette n'est pas oubliée mais des cycles d'opéra complètent la programmation.
En 1989, le rideau de scène est peint par Gérard Garouste, et la salle reprend le nom de Théâtre du Châtelet.
Stéphane Lissner, son directeur de 1988 à 1999, fait de nouveau améliorer l'acoustique et la visibilité. Il y fidélise des artistes de renom : Patrice Chéreau, Pierre Boulez, Daniel Barenboïm, Robert Wilson… et y accueille aussi de grands orchestres : l'orchestre de Paris et l'orchestre philharmonique de Radio France (les deux formations s'installeront en septembre 2006 à la salle Pleyel). Ainsi que le Philharmonia Orchestra, de Londres, qui y prend résidence chaque année depuis 1992.
Depuis 2002, le théâtre du Châtelet est le cadre des cérémonies de remise des César du cinéma.
Enfin, Jean-Luc Choplin en prit la direction depuis 2006, avec une programmation ouverte au musical américain, telle la célèbre comédie musicale de Léonard Bernstein West Side Story (saison 2012-2013, reprogrammée du 20 octobre au 31 décembre 2023).
1er arrondissement
Théâtre du Châtelet
Place du Châtelet
Tél. : 01 40 28 28 28
Métro : Châtelet
contact : jackybarozzi@aol.com