Cimetière communal, créé en février 1879 par la municipalité de Sainte-Geneviève-des-Bois, cette nécropole, située à une trentaine de kilomètres de la capitale, où reposent des défunts de toutes les confessions, est devenue au fil du temps une enclave privilégiée des défunts russes ou d’origine russe morts sur notre territoire.
Pas moins de 15 000 d’entre eux, venus en France par vagues migratoires successives : à la suite de la révolution bolchevique de 1917, au milieu des années 1940 ou encore dans les années 1970-1980 y sont inhumés dans un peu plus de 5 200 concessions.
Faisant ainsi de la nécropole le plus grand cimetière russe en dehors de la Russie.
Situé en lisière du bois, planté essentiellement d’abiétacées, de pins, et de grands bouleaux, ce paisible cimetière se distingue par son cadre champêtre et ses tombes aménagées à la russe, avec leurs croix orthodoxes et leurs petits bancs réservés aux visiteurs.
Il est placé sous la protection de l’église Notre-Dame-de-la-Dormition, surmontée d'un toit vert et d’un bulbe bleu, ainsi que de son campanile, tout deux de style novgorodien des XVe et XVIe siècles, qui furent inaugurés en 1939.
Actuellement en cours de rénovation, l’église, inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 1er juillet 1974, dépend de l'archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale, une juridiction du Patriarcat orthodoxe de Moscou.
De nombreuses personnalités y sont inhumées, tels les danseurs et chorégraphes Serge Lifar (1905-1986) et Rudolf Noureev (1938-1993), le cinéaste Andreï Tarkovski (1932-1986), les actrices Lila Kedrova (1909-2000), Hélène Vallier (1932-1988) et Odile Versois (1930-1980), nées de Poliakoff et sœurs de l’actrice Marina Vlady, du chanteur Patrick Topaloff (1944-2010), des peintres Serge Poliakoff (1906-1969) et Théodore Strawinsky (1907-1989), fils du célèbre compositeur Igor Stravinsky, des écrivains Andreï Amalrik (1938-1980), Sergueï Boulgakov (1871-1944), ou le prix Nobel de littérature Ivan Bounine (1870-1953)…
Star incontestable du cimetière, la tombe de Noureev se singularise par son ornementation colorée, oeuvre du décorateur de théâtre Ezio Frigerio et du mosaïste Akonema. Réalisée en 1996, celle-ci représente un tapis Kilim, que le danseur affectionnait tout particulièrement.
Ainsi que d’illustres membres de la noblesse, des hommes politiques, des savants, des militaires et de nombreux autres patronymes, que le visiteur ne manquera pas de relever au cours de sa promenade.
Car, ici, ainsi que je le croyais dans ma petite enfance, l’amitié franco-russe ce n’est pas que du flan !
Texte et photos : © Jacques Barozzi
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