« L’Evénement » de Audrey Diwan, avec Anamaria Vartolomei, Kacey Mottet Klein, Sandrine Bonnaire, Anna Mouglalis et Pio Marmai. D’après le roman éponyme d’Annie Ernaux. Lion d’or au festival de Venise 2021.
C’est l’année d’Annie Ernaux : pas moins de deux films de fiction, après la récente adaptation de
« Passion simple » réalisé par Danielle Arbid, et le film documentaire « J’ai aimé vivre là » de Régis Sauder, inspiré de la vie et des textes d'Annie Ernaux à Cergy Pontoise !
Quand une romancière, une réalisatrice et une comédienne se rencontrent, qu'est-ce qu'elles nous racontent ?
L'histoire d'une jeune étudiante en lettres dans la France du début des années 1960, douée pour les études mais ignorante des choses du sexe, et qui va, dès son premier coup d'essai, réussir à se faire mettre enceinte.
Une véritable catastrophe pour cette fille de modestes cafetiers normands, en cours d'ascension sociale et qui rêve de devenir écrivaine...
Comme à son habitude, Annie Ernaux ici se souvient plus qu'elle n'imagine.
D'autant plus que notre toute jeune héroïne se prénomme Anne, est née comme elle en 1940, doit passer son examen de fin de classe préparatoire pour entrer à la fac de lettres, et, logée en chambre d'étudiante, retrouve sagement ses parents en fin de semaine.
L'occasion pour la jeune comédienne d'origine roumaine Anamaria Vartolomei, précocement remarquée sur les écrans, d'incarner ici un rôle à sa sublime mesure !
Passée la stupéfaction de la découverte de sa grossesse, diagnostiquée par leur médecin de famille, Anne n'a pas d'autre choix que de se réfugier dans le silence et la solitude, face à ses parents (tendre et dure Sandrine Bonnaire, dans le rôle de la mère) et même de ses plus proches amies, qui regardent pourtant avec désir les garçons tout en se déclarant farouchement vierges.
Déjà les semaines passent et Anne n'a plus guère la tête aux études. Son prof (Pio Marmai), qui croyait, ainsi qu'il le lui déclarera, avoir repéré en elle une future prof, s'en inquiète sérieusement.
Sans pathos et avec un réalisme cru, le film nous conte la quête éperdue d'Anne pour échapper à la triste condition de fille-mère et de se faire avorter, dans un environnement où la plupart des femmes ne se montrent pas particulièrement solidaires et compréhensives et les hommes, corps médical inclus, lâchement absents...
Impressionnante Anna Mouglalis dans le terrible rôle de l'avorteuse clandestine.
Au point que l'histoire d'avortement, archaïque et moderne, que nous donne à voir Annie Ernaux, en femme résolument de gauche et fille naturelle de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir, prend des allures, il faut bien l'avouer, de sanglant assassinat.
Assassinat contre la vie ou l'hypocrisie ?
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