Pas moins de deux biopics cette semaine nous rappellent que les chanteurs rêvent souvent de faire l'acteur et que le cinéma aime bien la chanson.
« House of Gucci » de Ridley Scott, avec Lady Gaga, Adam Driver, Al Pacino et Jeremy Irons.
C’est un film luxueusement tapageur et passablement écoeurant, comme une visite à la Samaritaine, depuis qu’elle est devenue la vitrine exclusive de l’empire LVMH.
La distribution est éblouissante et tous les acteurs sont parfaits dans la peau de leur personnage respectif, mais le plus étonnant est sans conteste Jared Leto, dans le rôle de Paolo, le fils taré de cette tribu de selliers florentins enrichis.
C’est un mélange de Dallas et du Parrain : de la grande cavalerie hollywoodienne, mais transplantée dans l’univers impitoyable de Milan, capitale de la mode et de la finance internationale !
Un univers de jet setters parvenus, évoluant dans des décors de rêve, où seul le frère aîné, incarné par Jeremy Irons, conserve une rare distinction tournant à la préciosité.
Durant 2 h 30, le spectateur assiste aux règlements de compte généralisés entre les membres de la famille Gucci, avec en prime un crime passionnel au final.
Ici la fiction rejoint la réalité et la célèbre marque familiale tombera, comme il se doit, dans l’escarcelle des financiers internationaux aux aguets.
Une superbe partie de Monopoly où Lady Gaga confirme bien qu’elle est un comédienne à part entière, cabotine et vulgaire à souhait… pour les besoins du film !
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« Suprêmes » d Audrey Estrougo, avec Théo Christine et Sandor Funtek.
Plus ambitieux et plus personnel est le biopic musical de la cinéaste Audrey Estrougo, issue elle-même de la banlieue.
Centré sur le phénomène NTM, depuis la genèse du groupe en 1988 jusqu’à sa consécration lors de son concert au Zénith en 1992, le film s’attache à reconstituer le parcours chaotique de Didier Morville dit Joe Starr (Théo Christine) et Bruno Lopes alias Kool Shen (Sandor Funtek), deux musiciens emblématiques du rap français et de la jeunesse de Saint-Denis (9.3), entourés d'un trentaine de jeunes des cités.
Sur fond des premiers conflits banlieusards, la cinéaste traduit au plus près la révolte, l’énergie, la violence sur le terrain d’une génération qui va s’exprimer désormais à travers le rap, les tags et le hip hop.
Le film s’ouvre sur le discours lyrique de François Mitterrand en faveur des jeunes défavorisés des cités. « Nique ta mère » ou « Noirs et Blancs, l’histoire est à revoir » clame NTM, des mots d'ordre, ou plutôt de désordre, repris en choeur par toute une génération pour qui les politiques et la police ne sont pas leurs potes.
Beaucoup de musique et un peu de sociologie, dans ce film intimiste sur ces deux rappeurs remarquablement incarnés et mis en sons et en images par une cinéaste étonnamment efficace...
https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19589317&cfilm=270890.html
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