Commençons par la très mauvaise nouvelle.
La fontaine monumentale de la place de Catalogne (14e arr.) est démontée, pavé par pavé.
Sans aucun égard pour l’artiste, l’oeuvre Le Creuset du temps, créée en 1988 par le sculpteur d’origine polonaise Shamaï Haber (1922-1995), va disparaître au profit d’une hypothétique « forêt urbaine » !
Avant et maintenant !
Formant un large disque incliné de 50 mètres de diamètre, celle-ci était composée de trois cent mille pavés de granit poli gris et rose assemblés en larges bandes concentriques, sur lesquels l’eau s’écoulait en surface et retombait en cascade sur les bords. Constituant ainsi, du lever au coucher du soleil, un gigantesque miroir aux reflets sans cesse changeants.
Avril 2022.
Au rayon des plutôt bonnes nouvelles, signalons la remise en eau de la Fontaine du Trocadero (16e arr.).
Depuis l'été 2021 et à l'occasion des J.O. de Tokyo, une fan-zone recouvrait le site et devait y demeurer jusqu'à la fin des prochains J.O. de Paris en 2024, rendant ainsi la fontaine inaccessible au public et dénaturant la perspective entre le Trocadero et le Champ-de-Mars !
Il semble que la Mairie de Paris soit revenue sur ses positions.
Dite aussi fontaine de Varsovie, celle-ci a été aménagée lors de la construction du palais de Chaillot pour l’Exposition universelle de 1937, à l’emplacement de l’ancien palais du Trocadéro, qui avait été bâti, lui, à l’occasion de l’Exposition de 1878.
C’est incontestablement la plus grande fontaine de Paris, la plus grande piscine aussi, très appréciée des Parisiens et des touristes, en période de canicule.
Œuvre des architectes Roger Expert et Paul Maître, elle est constituée d’un gigantesque bassin rectangulaire surmonté d’une série de petits bassins symétriques, fonctionnant en circuit fermé, où peuvent être propulsés 5 700 litres d’eau à la seconde, par l’intermédiaire de 20 canons obliques, 56 gerbes et 12 colonnes d’eau, d’une portée respective de 50 mètres, 4 mètres et 7 mètres de hauteur.
Quand tout fonctionne, avec la mise en lumière à la nuit tombée, c’est proprement féerique.
Fontaine des Innocents, 26 avril 2022.
Mais la bonne nouvelle, c’est surtout la mise en chantier des travaux de rénovation de la fontaine des Innocents, place Joachim-du-Bellay (1er arr.).
Il était temps !
Devenue un véritable dépotoir de bouteilles et de détritus divers, elle menaçait de tomber en ruines. Les jeunes qui l'escaladaient pour faire des selfies, dessiner des graffitis ou même s’en servir comme piste de skateboard, ont largement contribué à l’accélération de sa dégradation : vasques ébréchées, morceaux de statues sur le sol, dalles descellées autour du grand bassin…
En espérant que les dégâts ne soient pas irrémédiables ?
La Fontaine Stravinsky, fin avril 2022...
Plus hypothétiques sont les nouvelles concernant la fontaine Stravinsky, place Igor-Stravinsky (4e arr.).
C’est, incontestablement, la plus spectaculaire fontaine contemporaine créée dans la capitale.
Réalisée par Jean Tinguely et sa compagne, Niki de Saint Phalle, elle est constituée de seize figures noires ou multicolores qui sont animées par la force de l’eau à l’intérieur d’un vaste bassin rectangulaire.
Aménagée en 1983 sur le parvis de l’Ircam (Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique), la fontaine offre une heureuse transition entre les arches gothiques du chevet de l’église Saint-Merri et les tubulures vivement colorées du Centre Pompidou.
Sa margelle en acier inoxydable forme une banquette ininterrompue, ce qui en fait une halte ludique plébiscitée par les nombreux visiteurs du Centre Beaubourg et particulièrement appréciée des enfants.
Baptisée à l’origine Le Sacre du Printemps, elle rend hommage au compositeur Igor Stravinsky.
Ses automates sont en effet directement inspirés de l’œuvre du musicien.
Ils symbolisent ainsi les thèmes de la vie, de la mort ou de l’amour (le cœur, les lèvres rouges) ou représentent le bestiaire (serpent, éléphant) propre à l’univers fantasmagorique du compositeur russe, comme L’Oiseau de feu dont la haute silhouette émerge au centre du bassin.
A l’arrêt depuis plusieurs années, elle ne devrait se réanimer, selon Le Parisien du 9 janvier 2021, qu’à l’occasion des Jeux Olympiques de… 2024 !
Actuellement, le bassin est entièrement vide et, selon le panneau d’information apposé sur les grilles, tous les automates ont été déposés et transportés en dehors de Paris pour être restaurés. Les systèmes hydrauliques, mécaniques et électriques, ainsi que l’étanchéité seront également refaits à neuf, tout comme le banc en inox constituant le pourtour du bassin.
Sans aucunes indications sur la durée des travaux ?
Affaires à suivre...
Quand retrouverons-nous la fontaine enchantée de jadis ?
contact : jackybarozzi@aol.com