« Dalva » de Emmanuelle Nicot, avec Zelda Samson, Alexis Manenti et Fanta Guirassy.
Premier long métrage de la réalisatrice belge Emmanuelle Nicot, présenté à la Semaine de la Critique au festival de Cannes 2022 où il a remporté le Prix de la critique, « Dalva » est un film troublant.
Doublement troublant même, tant par son histoire, un inceste père-fille, que pour la prodigieuse performance de l’actrice principale, Zelda Samson : une révélation, au sens propre du terme !
Un film que j’ai regardé constamment sous tension, du début à la fin.
La cinéaste nous donne à voir l’histoire d’une emprise d’un père sur sa fillette de 12 ans dont il a fait sa femme de substitution après la fuite de sa mère, cinq ans plus tôt.
Refusant la garde partagée avec son ex épouse et déménageant sans cesse, celui-ci, sur dénonciation de ses derniers voisins, sera finalement arrêté et sa fille placée dans une institution spécialisée.
Mais l’emprise étant si totale, celle-ci n’appelant déjà plus son père que par son seul prénom, se retrouvera profondément désemparée et révoltée par cette séparation.
C’est alors qu’entre en scène le long processus des éducateurs et de la justice, notamment celui de Jayden, son éducateur-référent (remarquablement interprété par Alexis Manenti), pour faire retrouver à cette jeune femme de pacotille les repères de son enfance tout à la fois volée et violée.
Abordant sans faux-semblants la thématique sensible et délicate de son film, Emmanuelle Nicot filme avec empathie la nécessaire « régression » de son héroïne pour parvenir à retrouver un certain équilibre psychologique.
Même si l’on craint au départ une certaine complaisance, tant Dalva, habillée et outrageusement maquillée à des allures de Romy Schneider en Sissi impératrice !
Une Sissi aussi ambiguë que la petite Eva Ionesco, revue et corrigée par sa photographe de mère !
D’où le trouble que j’évoquais au début.
Il ne s’agit nullement ici de nous procurer des sensations malsaines, mais plutôt de bien marquer le point de départ de la métamorphose du personnage et de l’actrice, passant sous nos yeux de l’aspect d’une femme artificiellement fabriquée à une enfant retrouvée…