« Dahomey » de Mati Diop, avec Gildas Adannou, Habib Ahandessi et Joséa Guedje.
Après son premier long métrage, « Atlantique » (2019), un drame mêlant déjà le documentaire au fantastique, tourné à Dackar et récompensé du Grand Prix au festival de Cannes, l’actrice et réalisatrice franco-sénégalaise, Mati Diop, 42 ans, nous propose aujourd’hui « Dahomey », un second documentaire d’à peine plus d’une heure, qui a décroché, lui, l’Ours d’or à la 74e Berlinale.
Ici, elle suit le voyage de vingt-six pièces en provenance des trésors royaux du Dahomey, depuis leur départ du musée Branly-Jacques-Chirac, en novembre 2021, jusqu’à leur arrivée sur leur terre d’origine, devenue entre temps le Bénin.
Des œuvres d’art, parmi plusieurs milliers d’autres, qui furent pillées lors de l’invasion des troupes coloniales françaises en 1892.
Pourquoi ces 26 superbes spécimens plutôt que d’autres et pourquoi les réinstaller dans un musée, concept purement occidental, créé spécialement pour les accueillir, alors que la plupart d’entre elles faisaient l’objet d’un culte vaudou, en lieu propre, dans leurs villages respectifs ?
Au-delà de la portée culturelle de l’évènement qui nous est donné à voir, quel enjeu se cache t-il dans cette opération politique menée conjointement par les présidents français et béninois ?
Autant de questions que se posent les étudiants de l’université d’Abomey Calavi, représentants ici d’un pays toujours en quête d’identité, et dont nous aimerions nous aussi connaître les réponses en tant que spectateurs du film.
En restituant une infime partie de ces oeuvres, sommes-nous de gentils donateurs ou d’anciens receleurs contris ?
D’autant plus que la cinéaste, persuadée que ces objets sacrés ont une âme, n’hésite pas à les faire parler !
Oui, un beau petit film qui soulève bien des questions…
https://www.youtube.com/watch?v=9lKKued7Dyk
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