« Rheingold » de Fatih Akın, avec Emilio Sakraya, Mona Pirzad et Hussein Eliraqui.
Vous auriez tort de rater le film puissant et décapant de l’Allemand d’origine turque Fatih Akın, qui fait curieusement l’objet chez nous d’une certaine frilosité de la part de la bien pensante critique de gauche !
Un cinéaste multigenre et multiculturel hyper doué, digne successeur de Martin Scorsese et de Rainer Werner Fassbinder.
Après le vénéneux et glauque « Golden Glove » (2019), qui nous contait l’histoire de Fritz Honka, le serial killer d’Hambourg des années 1970, Fatih Akın s’est attaché ici à retracer la vie de Giwar Hajabi, un jeune immigré kurdo-iranien, ancien criminel et trafiquant de drogue devenu Xatar, star du rap allemand.
Un bio pic où la réalité, probablement mâtinée d’un zeste de légende, dépasse largement la fiction.
Fils d’un père kurde, compositeur et chef-d’orchestre célèbre, et d’une mère de la bonne société iranienne, le petit Giwar, né dans une grotte alors que ses parents fuyaient le régime de l’imam Khomeini va depuis lors, en compagnie de ses parents, connaître une enfance quasi biblique, qui le conduira, de prison en prison, entre l’Iran et l’Irak, avant que ceux-ci ne parviennent à se réfugier en Allemagne.
Là encore, l’adolescence de Giwar ne fut pas une partie de plaisir et, après la séparation de ses parents, resté seul avec sa mère, réduite à faire des ménages, et sa petite soeur, dans leur HLM de la banlieue de Bonn, il dut faire le rude apprentissage de la violence.
Découvrant une nouvelle forme musicale, plus radicale que la musique traditionnelle kurde ou les opéras wagnériens (notamment la légende de l’Or du Rhin, qui donne son titre au film), auxquels l’avait initié son père, il se livrera au très lucratif trafic de drogue et glissera irrémédiablement dans les milieux du grand banditisme.
Stupéfiant portrait de la mafia kurde d’Amsterdam, dirigée de main de maître par un parrain à l’aspect débonnaire !
Et toujours un destin qui le mènera de prison en prison, depuis la Syrie et l’Allemagne, cette fois-ci, avant sa rencontre avec l’amour et la consécration musicale…
Plus qu’un bio pic, tout à la fois film politique, sociologique et thriller, ce long métrage rythmé et musical de plus de 2 h 20, est porté par une mise en scène et des comédiens remarquables, au premier rang desquels il convient de distinguer Emilio Sakraya, dans le rôle du rapeur d’outre Rhin, et Mona Pirzad, dans celui de sa mère-courage.
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