« Leila et ses frères » de Saeed Roustaee, avec Taraneh Alidoosti, Navid Mohammadzadeh et Saeed Poursamimi.
De « Rocco et ses frères » de Luchino Visconti (1960) émerge toujours la figure flamboyante d’Alain Delon dans le rôle titre.
Celle de Leila, jeune fille rebelle superbement incarnée par Taraneh Alidoosti, illumine pareillement le second film de Saeed Roustaee, en compétition au festival de Cannes 2022.
Ce jeune cinéaste iranien de 33 ans, s’était déjà fait remarquer avec son premier long métrage, « La Loi de Téhéran » (2021), un thriller efficace d’un genre totalement différent.
Ici, c’est une chronique familiale sur fond de crise économique et de coutumes ancestrales qui nous est proposée.
Celle de la famille de Leila et de ses quatre frères, qui vivent sous la coupe de leur vieux père, Esmail (remarquable Saeed Poursamimi), un pater familias, égoïste et suprêmement machiste, à laquelle sa femme est entièrement soumise.
Leila a dédié toute sa vie à ses parents et ses frères aînés.
Visiblement la plus sensée du clan, et la plus émancipée aussi, celle-ci élabore un plan judicieux pour acheter une boutique et donner ainsi du travail à ses frères désoeuvrés.
Mais elle va se heurter à leur vieux grigou de père, qui préfère placer les pièces d’or qu’il a secrètement amassées pour accéder à la fonction honorifique de "parrain", la plus haute distinction de la tradition persane.
Aîné en effet d’une branche jusqu’alors méprisée par sa propre communauté, il rêve principalement de prendre sa revanche, au détriment de l’intérêt de ses propres enfants qui, eux, ont compris que les autres membres du clan familial en veulent principalement à son argent : le parrain doit offrir le cadeau le plus onéreux au mariage du petit-fils du parrain défunt.
Poids des traditions religieuses, désir d’enrichissement personnel et de consommation à outrance, hypocrisie, égoïsme et magouilles en tous genres, tels sont les enjeux de ce film contre lesquels Leila doit lutter pied à pied, malgré l’aide le plus souvent défaillante de ses frères.
Véritable Antigone des temps modernes, plus perse en cela qu’iranienne, et afin d’assurer l’avenir de ses quatre frères, celle-ci osera aller jusqu’à l’acte sacrilège suprême en giflant son propre père !
En vain, hélas…
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