« Maigret » de Patrice Leconte, avec Gérard Depardieu, Jade Labeste, Mélanie Bernier, Aurore Clément et André Wilms.
Le célèbre personnage du commissaire Maigret, héros légendaire et universel de Georges Simenon, a fait l’objet depuis sa création de bien nombreuses incarnations, aussi bien pour le grand que le petit écran.
Rien qu’en France, citons, le flegmatique Albert Préjean, le gouailleur Jean Gabin, l’inquiétant et torturé Harry Baur, l’ahuri Jean Richard ou encore le baroudeur Bruno Cremer.
Autant de versions différentes que d’acteurs !
Depardieu donc ?
Parodiant Jean-Paul Sartre, on pourrait dire que c'est un Maigret fait de tous les Maigret, qui les vaut tous, et que vaut n’importe quel Maigret.
Oui, mais un Maigret fatigué, passablement essoufflé, dépressif et quelque peu désabusé, auquel son médecin a interdit le tabac.
Un Maigret sans pipe !
Et qui n’éprouve désormais aucun appétit pour les petits plats que lui concocte toujours aussi affectueusement madame Maigret : la blanquette de veau, la choucroute, l'andouillette, le fricandeau à l'oseille ou le coq au vin n’éveillent plus guère de désirs gustatifs chez lui.
Néanmoins, dans cette énième adaptation de « Maigret et la jeune morte », notre commissaire conserve, intactes, sa conscience professionnelle et sa singulière manière de procéder.
Ainsi, sur les pas poussifs de notre héros, qui n’a rien perdu de ses intuitions, remontons-nous le fil d’une enquête linéaire, dont une jeune provinciale innocente, égarée dans les milieux de la bourgeoisie perverse parisienne, se révèle être la sanglante victime.
Le parfait souci du réalisateur des « Bronzés » de replacer dans le contexte de l’époque l’histoire de ce roman paru en 1954, lui donne une allure définitivement « vintage ».
Ce qui n’est pas désagréable en soi et donne de surcroit à l’ambiance simenonienne classique du film, une pointe modianesque.
Deux auteurs déjà adaptés auparavant par Patrice Leconte : « Monsieur Hire » (1989), d'après Georges Simenon, et le « Parfum d'Yvonne » (1994), tiré de « Villa triste » de Patrick Modiano (1975).
En revanche, la rencontre, à cette occasion, de Patrice Leconte et de Gérard Depardieu est
une première !
Signalons aussi, ici, l’émouvante dernière apparition d’André Wilms, mort juste avant la sortie du film…
https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19595379&cfilm=276821.html
Jean Gabin, Annie Girardot et... la pipe !
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