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L'histoire véritable d'un célèbre homme nu de Paris



Héraklès archer, réalisé par Emile Antoine Bourdelle (1861-1929). Bronze de la première version de 1909 exposé en permanence dans la coursive du jardin du musée Bourdelle, 18, rue Antoine-Bourdelle, 15e arrondissement.


   C’est dans l’atelier d’Auguste Rodin, qu’Antoine Bourdelle rencontra le commandant Doyen-Parigot, un militaire de carrière, modèle occasionnel du maître, qui se proposa de poser pour lui.

   Pensait-il déjà à cet Héraklès archer, qu’il réalisa quelques années plus tard, le représentant nu, en position de tir, la jambe droite repliée sous lui et la jambe gauche appuyée contre un rocher, tenant l’arc dans sa main gauche, tandis que sa main droite tire sur la corde, non représentée ?

   


Cartouche du musée Bourdelle.


   A la demande du commandant Doyen-Parigot, qui voulait bien que les moindres muscles de sa superbe plastique soient fidèlement reproduits, mais ne désirait pas cependant être reconnu, le sculpteur remodela son visage à la manière des œuvres grecques archaïques, le dotant d’yeux en amande, d’un profil droit avec le nez situé dans le prolongement du front, de pommettes saillantes et d’une chevelure courte et bouclée.




Le corps du commandant Doyen-Parigot dans toute sa réalité athlétique...



...Et ses moindres détails et attributs ?



Photo anonyme du sculpteur et de son modèle, prise vers 1906 dans l'atelier d'Antoine Bourdelle.



Tandis que le sculpteur dut se livrer à plusieurs séances de chirurgie esthétique pour idéaliser le visage de son modèle et le rendre méconnaissable.




Une des nombreuses études préparatoires d'Héraklès archer exposées dans l'ancien atelier du sculpteur au musée Bourdelle.



   Exposée pour la première fois en 1910 au Salon de la société nationale des Beaux-Arts, la sculpture, fondue par Eugène Rudier, remporta un grand succès, tant auprès du public que de la critique, et fut éditée en dix exemplaires.

   Bourdelle en réalisa une seconde version en 1923.

   Entre temps, André Doyen-Parigot était mort pour la France pendant la Première Guerre mondiale à Verdun en 1916.




À Paris, le musée Bourdelle conserve plusieurs étapes de l'œuvre, un bronze de la première version de 1909 dans la coursive du jardin et le plâtre original de la seconde version de 1923 dans le grand hall. 



   Ce n’est qu’en 1949, vingt ans après la mort d’Antoine Bourdelle (1861-1929), que le musée qui porte son nom put enfin voir le jour, dans les lieux mêmes où le sculpteur, originaire de Montauban, avait vécu et travaillé durant les quatre dernières décennies de sa vie.

   L’artiste ayant préalablement légué à la Ville de Paris le terrain, l’appartement, les ateliers et

« quelque 800 sculptures (plâtres, bronzes, marbres, pierres, terres, grès), 200 peintures et pastels, 1000 dessins, cartons et manuscrits » ! 

   Autant d’œuvres dont on peut admirer les plus représentatives et les plus puissantes d’entre elles dans le jardin et les diverses salles de ce musée plein de charme, lové à l’ombre de la tour Montparnasse, ainsi que dans la dernière extension réalisée par l'architecte Christian de Portzamparc en 1992. 




Le musée d'Orsay (7e arr.) présente un tirage doré sur la terrasse Lille au premier étage. Cet exemplaire a été fondu en 1924 d'après la deuxième version exécutée vers 1923 (photo D.R.).




Dans le Hall 2 de la gare Montparnasse les voyageurs peuvent également admirer un exemplaire de cette œuvre majeure d'Antoine Bourdelle.



L'INSEP, à qui la statue sert d'emblème, expose depuis 1956 à l'entrée de son site du bois de Vincennes la sixième épreuve de 1909 fondue par Hohwiller et numérotée 5, propriété de la Direction Générale de la Jeunesse et des Sports (photo D.R.).


© texte et photos : Jacques Barozzi

par Jacky Barozzi 31 mars 2025
L'homme de bronze Dans notre salle de bain, un jeune homme au sortir de la douche. Statue en bronze, signée Christian Della Giustina.
par Jacky Barozzi 13 mars 2025
Square Jean-XXIII, ex square de l'Archevêché, premier jardin public de Paris. Une si longue absence ! Quand retrouvera t-on le square Jean-XXIII, fermé au public depuis l’incendie de Notre-Dame de Paris les 15 et 16 avril 2019, il va y avoir six ans ?  SQUARE JEAN-XXIII (1844) 4° arr., quai de l’Archevêché, rue du Cloître-Notre-Dame, M° Cité C’est sous Louis XIII, en 1622, que l’évêché de Paris fut érigé en archevêché et sous Louis XIV, en 1697, que l’archevêque Louis-Antoine de Noailles, futur cardinal, transforma l’ancienne demeure épiscopale en un superbe palais, siège de l’archevêché. Il se dressait au chevet de Notre-Dame et tout l’espace alentour, entre la cathédrale et la Seine, était occupé par un lacis de ruelles et un entrelacs de maisons et de chapelles. Saccagé lors des émeutes de 1831, le palais de l’Archevêché fut bientôt démoli et c’est sur ce terrain laissé vague que le préfet de la Seine Rambuteau décida d’ouvrir un jardin public en 1844. Il créait ainsi le premier square public de quartier, type qu’Haussmann allait développer sous le Second Empire. Dans ce simple carré entouré de grilles, Rambuteau fit installer des bancs, ce qui était alors extrêmement rare tant on craignait de nuire à la location des chaises ! En 1845 fut inaugurée au centre du square la Fontaine de la Vierge , une œuvre néogothique de l’architecte Vigoureux sculptée par Louis Merlieux.
par Jacky Barozzi 26 février 2025
Diomède, Arès (de dos) et Hermès. La pyramide des hommes nus Pour les sculptures les plus anciennes, depuis l’antiquité jusqu’au 18e siècle, il est impératif de se rendre au Musée du Louvre. Là, le visiteur peut y admirer une multitude de nus masculins des dieux et des personnages mythologiques des civilisations antiques de l’ensemble du bassin méditerranéen. Pour respecter la chronologie, il convient de commencer par le Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, de se rendre ensuite dans la cour Marly et d’achever le parcours en faisant un détour par la salle des Caryatides. Petite sélection des principales merveilles qui vous y attendent…
par Jacky Barozzi 19 février 2025
Anacreon de Jean-Baptiste Claude Eugène Guillaume (1822 - 1905), marbre réalisé en 1849-1851. Au musée de l’homme nu Installé dans l'ancienne gare d'Orsay, le musée éponyme a été inauguré en 1986. Dit aussi musée du XIXe siècle, ses collections de peinture, sculpture, arts décoratifs, art graphique, photographie, architecture… en font l’un des plus grands musées d'Europe pour cette période. Outre la richesse des tableaux impressionnistes qui y sont exposés, on y trouve aussi quelques unes des plus belles sculptures de la seconde moitié du XIXe et du début du XXe siècle, époque flamboyante de la sculpture parisienne. Aux oeuvres de Rodin ou Bourdelle, déjà évoquées précédemment, mentionnons la puissance et la grâce des principaux nus masculins conservés à Orsay.
par Jacky Barozzi 17 février 2025
Le Génie de la Liberté , bronze de 1885, musée du Louvre. Splendeur et humilité de l’homme nu 4e, 11e et 12e arrondissements Place de la Bastille  Le Génie de la Liberté , dit aussi Le Génie de la Bastille , statue en bronze doré réalisée par Auguste Dumont (1801-1884). Elle surmonte depuis 1836 la colonne de Juillet. D'une hauteur de 4 mètres, elle figure la liberté sous des traits masculins et représente un génie ailé qui brandit, dans la main droite un flambeau et la gauche les chaînes brisées du despotisme, tout en s'élançant dans les airs depuis son pied gauche.
par Jacky Barozzi 16 février 2025
Hydrorrhage du sculpteur Jean-Robert Ipoustéguy. Un nu classé X 5e arrondissement Jardin Tino-Rossi, quai Saint-Bernard Aménagé en jardin entre 1975 et 1980, le quai Saint-Bernard est constitué d'une suite de promenades, entre les ponts d’Austerlitz et de Sully. C’est là qu’a été installé le musée de Sculptures en plein air de la Ville de Paris, consacré essentiellement aux œuvres de la seconde moitié du XXe siècle. Au centre, un rond-point constitué d’une succession de bassins semi-circulaires, abrite une bien singulière fontaine. Baptisée Hydrorrhage , celle-ci a été réalisée en 1975-1977 par l’architecte Daniel Badani et le sculpteur Jean-Robert Ipoustéguy. Derrière une imposante armure en forme de bouclier, on découvre un homme nu, harnaché d’un attirail relevant proprement de l’iconographie sado-masochiste, et suçotant une sorte de gland tout en se livrant à la masturbation ! Cette audacieuse œuvre, contemporaine de l’époque de la libération sexuelle, semble avoir dépassée les souhaits de son commanditaire. La municipalité a en effet récemment entouré d’un grillage et d’une haie d’arbustes l’ensemble des bassins, empêchant le visiteur de se rapprocher de cette fontaine, autrefois de plain-pied, et en a pudiquement détourné la gerbe principale, qui jaillissait du sexe du personnage et retombait dans le premier bassin depuis le gros tuyau recourbé au centre du bouclier, pour le remplacer dans un premier temps par les deux inoffensifs jets d’eau du bassin, situés de part et d’autre du groupe en bronze. Désormais, la fontaine est à sec et les bassins ont été transformés en pots de fleurs ! 
par Jacky Barozzi 14 février 2025
Le Triomphe de la République (détail), par Jules Dalou, 1899. Les nus triomphaux de Dalou Engagé dans les combats de la Commune, le sculpteur Parisien, Aimé Jules Dalou (1838-1902), ami d’Auguste Rodin, très en vogue dans le dernier quart du 19e siècle, nous a légué une multitude d’oeuvres monumentales ornant les façades, places, jardins, rues ou cimetières de la capitale. Des figures républicaines de style réaliste ou évoquant des scènes mythologiques, empreintes d’une sensualité affirmée, en marbre et en bronze.
par Jacky Barozzi 10 février 2025
Le dernier Calvaire de Paris (18e arr.) Christ et Atalantes Une multitude de Christ de douleur et d'Atlantes en sueur ornent les rues, les églises, les façades ou les cimetières de la capitale, parmi lesquels nous retiendrons ceux-ci. 18e arrondissement Quartier : La Chapelle La Croix de l'Évangile Cette croix de chemin ou calvaire, est la dernière visible à Paris. Elle est située à la jonction de deux chemins devenus, l'un la rue de l'Évangile, l'autre la rue d'Aubervilliers. Son histoire remonte au XVIe siècle, en 1540, à l’époque où une grande plaine s’étendait entre les villages de Saint-Denis, La Chapelle et La Villette, qui étaient alors à l’extérieur des remparts de la ville de Paris. C’était à l’époque, un lieu de vénération important. Chaque année, une grande procession effectuait un trajet triangulaire entre Saint-Denis, la croix de l’Évangile et La Villette. De la totalité des croix parisiennes détruites à la Révolution, seule celle de l’Évangile fut reconstruite en 1860 à son emplacement originel, au bout de la rue de l'Évangile, où les gazomètres de l’époque ont laissé la place à la zone d'activités Cap 18, qui est aujourd'hui la dernière zone Industrielle située dans Paris intra-muros.
par Jacky Barozzi 3 février 2025
Le Génie du sommeil éternel d'Horace Daillion au rond-point central du cimetière du Montparnasse (14e arr.). Éros necropolotain De nombreuses figures d’hommes nus, plein de vie ou de douleur, hantent les cimetières parisiens. Là, Éros n'est-il pas au plus près de Thanatos ?
par Jacky Barozzi 1 février 2025
Les Naufragés par Antoine Etex, 1859. Dangereuses chutes de reins au parc Montsouris 14e arrondissement Parc Montsouris  Conformément à la volonté de Napoléon III, la décision d’aménager cette grande promenade de 16 hectares sur le site de Montsouris fut prise en 1865. Les travaux commencèrent en 1867 sous la direction de l’ingénieur Jean-Charles Adolphe Alphand mais la guerre de 1870 les interrompit et le parc ne fut vraiment achevé qu’en 1878. De singulières sculptures d'hommes nus érotisent cette superbe promenade au sud de Paris.
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