« Voyage à Gaza » de Piero Usberti.
Fruit de la mauvaise conscience internationale, l’état d’Israel est né en 1948 et a crû et prospéré à partir du slogan sioniste : « Un territoire sans peuple pour un peuple sans territoire ».
Quid des autochtones Palestiniens ?
Ceux-ci furent relégués sur une portion réduite à la bande de Gaza.
Une région de la Palestine constituée d'une bande de terre sablonneuse de 41 km de long pour une largeur de six à douze km, tirant son nom de sa ville principale, Gaza.
Entourés par Israël et l'Égypte, là vivent, entre le littoral et les barbelés, plus de deux millions d'habitants dont 70% de déplacés.
Après un premier documentaire intitulé « Un alto giorno », consacré à la ville de Turin, le jeune cinéaste Italo-Français Piero Usberti a pu passer trois mois à Gaza au printemps 2018, à l’occasion d’un échange culturel Italo-palestinien.
Il avait alors 25 ans et, voyageur étranger, il y rencontra de jeunes Palestiniens de son âge.
C’est dans cette zone d’inconfort, couloir entre l’Asie et l’Afrique, devenue la plus vaste prison à ciel ouvert, que l’idée de son second documentaire s’imposa à lui.
Filmant la beauté des paysages et des visages de ses interlocuteurs et recueillant leurs témoignages, à l’époque des manifestations pacifistes de la Grand Marche du Retour, le cinéaste emmagasina 45 heures de rushes dont il acheva le montage une semaine avant le 7 octobre 2023.
Tourné au présent, son « Voyage à Gaza », film éminemment politique et non moins esthétique, est devenu par la force de l’Histoire un film du passé.
Ouvrant sur l’enterrement du jeune photographe Yasser Mortaja, tué par les soldats israéliens, et accompagné à travers l’ensemble du territoire par Sara et Jumana, ainsi que par Mohanad et Mohammed, Piero Usberti nous donne à voir les conditions de vie de jeunes Palestiniens révoltés contre l’occupant colonialiste israélien, mais coincés aussi entre les pesanteurs religieuses et culturelles traditionnelles en usage dans leurs familles et reprises par le Hamas pour mieux assoir son autorité, ainsi que leur quasi impossibilité de s’échapper de cet enfer dont ils ont déjà la nostalgie avant même de s’en être évadés.
Seule respiration du film, la visite d’un vaste champ de culture de fraises bio, au sud de la bande de Gaza, qui met un peu de douceur dans un monde irrémédiablement brutal, où les ruines des villes dévastées, les corps mutilés et la mort sont omniprésents.
Dur dur d’être Palestinien aujourd’hui, notamment quand on est femme ou homosexuel, et qu’on rêve de liberté et de voir le monde au-delà des frontières !
Un film édifiant, et qui pourrait être totalement désespérant si nous n'avions pas à faire aux visages souriants et à la volonté déterminée des principaux protagonistes.
https://www.youtube.com/watch?v=J2Sp16oRGTI
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