
« Bolero » de Anne Fontaine, avec Raphaël Personnaz, Doria Tillier, Jeanne Balibar, Emmanuelle Devos et Vincent Perez.
Il est bien beau le Bolero d’Anne Fontaine.
Sous la forme d’un bio pic, situé à l’époque des années folles, celui-ci est centré tout entier autour de la commande faite à Maurice Ravel, par la danseuse Ida Rubinstein, de la musique de son prochain ballet.
Tout à la création douloureuse de ce qui deviendra, dès sa première représentation à l’Opéra de Paris, son oeuvre la plus célèbre et la plus universelle, le compositeur-narrateur se souvient alors de moments privilégiés de son enfance, des échecs des débuts de sa carrière (il fut recalé cinq fois au Prix de Rome !), de la Grande Guerre à laquelle il participa dans les services de santé.
Ainsi, la réalisatrice nous donne à voir et à entendre, ce compositeur hors pair, dans toute sa musique et son étrange singularité.
Celle d’un homme quasi « vierge », entouré et aimé des femmes qu’il aimait.
Au premier rang desquelles on trouve sa bienveillante mère, qui le soutiendra sa vie durant, incarnée avec chaleur par Anne Alvaro dans le film.
Vient ensuite son amour de jeunesse pour sa muse Misia Sert, à laquelle Doria Tiller redonne toute sa dignité.
Elle qui est généralement représentée comme une nymphomane hystérique dans l’iconographie officielle (voir Anouk Grinberg dans le récent film sur Pierre Bonnard), se révèle ici en amie indéfectible et douce.
Jeanne Balibar est une amusante et fantasque Ida Rubinstein.
Pratiquant le snobisme jusqu’à l’auto dérision, à la manière d’Arielle Dombale, mais dans la version brune, elle nous convainc au delà d’un certain agacement.
Et en plus, elle danse divinement bien !
Enfin, dans le rôle de la fidèle interprète, toujours aux petits soins pour son maître, Emmanuelle Devos campe un personnage plus effacé, moins mondain, mais non moins déterminant dans la vie de Ravel.
Sans oublier Vincent Perez, en touchant et éternel ami du compositeur.
Quant à Raphaël Personnaz, à la beauté mélancolique d’Alain Delon dans le « Guépard » et l’élégance d’un mannequin en couverture du Harper's Bazaar, il garde toute l’étrangeté énigmatique de l’auteur du Bolero tout en soulignant son génie musical.
Belle reconstitution, bon casting, superbe mise en scène et interprétation que ce « Bolero » d’Anne Fontaine.
Quand on sait que Céleste Albaret avant d’entrer au service de Marcel Proust travailla chez Maurice Ravel, on se dit que la réalisatrice est désormais fin prête pour s’attaquer, à son tour, à la Recherche…
https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=286292.html






