Trois films actuellement à l’affiche témoignent de la bonne vitalité du cinéma espagnol.
Un cinéma, formellement soigné, au service exclusif des personnages et de leurs inénarrables histoires. Des films partagés entre des nouvelles d’environ 30 minutes et des romans foisonnants de près de 3 heures. Pas étonnant au pays du « Don Quichotte » !
« L’Expérience Almodóvar », deux moyens-métrages de Pedro Almodóvar, avec Tilda Swinton (La Voix humaine) et Ethan Hawke et Pedro Pascal (Strange Way of Life).
Le célèbre monologue de Jean Cocteau, revu et réactualisé à la sauce Almodovar, avec l’anglaise Tilda Swinton dans le rôle créé pour Edith Piaf.
Ici, le pathétique d’un être vieillissant, après le départ de son jeune amant, n’a pas de genre ni de frontières.
Avec « Strange Way of Life » c’est plutôt à un remake de « Le Secret de Brokeback Mountain » de Ang Lee, que le cinéaste emblématique de la Movida nous convie.
Nous livrant une version du western gay, plus drolatique que dramatique.
C’est ainsi que les deux amants se retrouvent vingt-cinq ans plus tard dans un happy end détonnant.
Note : ***, à déjà fait mieux.
« Les Avantages de voyager en train » de Aritz Moreno, avec Luis Tosar, Pilar Castro et Ernesto Alterio.
Helga, éditrice madrilène, vient de faire interner son mari en clinique psychiatrique. Dans le train du retour, elle fait la connaissance du Dr Angel Sanagustín qui lui fait part de ses expériences les plus fascinantes, sordides et obsédantes…
Plus qu’un film à sketchs dans le genre « Affreux, sales et méchants » de Ettore Scola, Aritz Moreno nous livre un premier long métrage plein d’histoires en abîmes et de parenthèses narratives, plutôt dans la manière de « Jacques le fataliste » de Diderot.
Les personnages et leurs récits, terrifiants, contés par un psy fou et une éditrice masochiste, s’enchevêtrent au gré de leur rencontre et de la fantaisie du cinéaste.
D’effroyables histoires de femme transformée en chienne, de hauts représentants humanitaires criminels, d’enfants violés et assassinés, de trafics d’organes…
Un film d’horreur non dénué de réalisme, qui nous tient en haleine de bout en bout.
https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19601466&cfilm=264855.html
Note : ****, vivifiant par son côté politiquement incorrect.
« Fermer les yeux » de Victor Erice, avec Manolo Solo, José Coronado et Ana Torrent.
Julio Arenas, un acteur célèbre, disparaît pendant le tournage d'un film. Son corps n’est jamais retrouvé, et la police conclut à un accident. Vingt-deux ans plus tard, une émission de télévision consacre une soirée à cette affaire mystérieuse...
Le cinéaste espagnol Victor Erice, réputé pour son perfectionnisme n’a réalisé que 4 films en 50 ans.
Autant le dire tout de suite, son dernier film est proprement sublime !
Une véritable ode, sous forme nécrologique, au cinéma mondial.
Seul art capable de redonner la mémoire perdue aux gens et de leur restituer leurs émotions et sentiments.
Un film beau comme un roman fleuve où l’on se laisse emporter les yeux ouverts…
https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19601936&cfilm=311149.html
Note : *****, envoutant.
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