« La vie, ça finit toujours mal. »
Les Oiseaux de lune - Marcel Aymé
LE CIMETIERE DE SAINT-VINCENT
Entrée principale : 6 rue Lucien-Gaulard
18e arrondissement.
Métro : Lamarck-Caulaincourt.
01 46 06 29 78
Plan du cimetière Saint-Vincent
Second cimetière de la commune de Montmartre, le cimetière Saint-Vincent a été ouvert le 5 janvier 1831. Epousant la forte déclivité du versant nord de la butte, il occupe désormais une superficie de 59 ares, contre 21 à l'origine, et compte près d'un millier de sépultures.
Jusqu'à l'ouverture de la rue Lucien Gaulard, en 1909, il avait son entrée au n° 40 de la rue Saint-Vincent. Les belles sépultures, de style Restauration, des grandes familles montmartroises, telles que les Tourlaque, les Labat, les Muller, les Lavigne, les Cottin, les Lécuyer, les Nicolet ou les Picard, pour la plupart alignées le long de l'avenue principale, dans la 11e division, témoignent encore de l'ancienne ordonnance de la nécropole. Dès le tournant du siècle dernier, ce sont les divisions situées le plus près de la nouvelle entrée, dans la partie basse, le long de la rue Caulaincourt, qui semblent attirer les concessionnaires (7e, 8e, 9e div.). C’est là que l’on trouve l’essentiel de la statuaire.
Sur la tombe du critique littéraire René Dumesnil (1879-1967), spécialiste de Flaubert, à l'entrée du cimetière, l'oeuvre du sculpteur Emile Bailly représente un ange qui invite avec tendresse une femme à se laisser prendre par la main et guider vers la lumière.
En 1989-1990, les 117 robiniers boules souffreteux, qui ombrageaient depuis plusieurs décennies le cimetière Saint-Vincent, ont été remplacés par autant de cytises à petit développement et à fleurs jaunes en grappes.
Ses personnalités
Parmi le millier de sépultures de la nécropole, citons celles du peintre et sculpteur Louis-Robert Carrier-Belleuse (1848-1913), fils d'Albert dont il fut l’élève, qui dessina des modèles pour la faïencerie de Choisy-le-Roi dont il était directeur artistique (2e div.), de la chanteuse Suzanne Gabriello (1932-1992), pour laquelle Jacques Brel écrivit sa plus belle chanson d’amour, Ne me quitte pas (3e div.), le cinéaste Claude Pinoteau (1925-2012), qui réalisa La Gifle avec Isabelle Adjani (1974) et La Boum avec Sophie Marceau (1980), toujours dans la 3e division, et encore le peintre montmartrois Maurice Utrillo (1883-1955) et son épouse Lucie Valore (1878-1965), qui était également peintre mais dans le genre naïf (4e div.).
Citons encore le spirite Sédir, de son vrai nom Yvon Le Loup (1871-1926), l'une des grandes figures de l'ordre kabbalistique de la Rose-Croix rénové par Stanislas Guaita. Sa tombe - le long de l'avenue Caulaincourt - attire de nombreux visiteurs : ses mânes auraient la réputation de soulager, et même de guérir, les affections cardiaques (4e div.). C'est dans cette même division que reposent désormais le cinéaste Marcel Carné (1906-1996), qui réalisa, entre autres chefs-d'oeuvres, Hôtel du Nord ou Les Enfants du Paradis, et son comédien fétiche, dont il fit son légataire universel, Roland Lesaffre (1927-2009).
Là aussi reposent l'affichiste
Jules Chéret (1836-1932), auteur de plus d'un millier d'affiches, au trait vif et léger, qui s'inscrivent dans le courant de l'art 1900 et
Anouk Aimée (1932-2024), l’inoubliable interprète de
Lola de Jacques Demy (1961), de
La dolce vita et de
Huit et demi de Federico Fellini (respectivement en 1960 et 1963), et de
Un homme et une femme de Claude Lelouch (1966) (5e div.),
la famille Faria, dont la sépulture est ornée d'une figure de femme sculptée en 1912 par Félix Charpentier (7e div.) et
la famille Dumesnil, dont la tombe possède aussi une figure de femme, par E. Bailly (8e div.), le compositeur
Arthur Honegger
(1892-1955), qui participa avec Darius Milhaud à la fondation du groupe des Six (8e div.).
La famille Bussoz, dont la tombe est décorée d’une figure de femme, oeuvre de Thomassen (9e div.), l’acteur Harry Baur (1880-1943), interprète de Jean Valjean dans le film Les Misérables réalisé en 1934 par Raymond Bernard (9e div.), de l’écrivain Marcel Aymé (1902-1967), auteur du Passe-Muraille et des célèbres Contes du chat perché (10e div.), le peintre montmartrois Gen Paul (1895-1975) (10e div.), le compositeur et chef-d'orchestre Désiré Inghelbrecht (1880-1965), fondateur en 1934 de l'Orchestre national de la Radiodiffusion française (12e div.), le peintre des plages normandes Eugène Boudin (1824-1898) et, le célèbre cabaretier Michou (1931-2020), recrue récente du cimetière dont la tombe est désormais l'une des plus visitées.
Mentionnons enfin, le romancier Roland Dorgelès (1885-1973), témoin de la guerre de 14-18, auteur des Croix de bois (13e div.) et le caricaturiste Théophile Steinlen (1859-1923), collaborateur du Chat Noir et de l'Assiette au beurre (14e div.).
Le Lapin agile, juste de l'autre côté du mur...
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