« Pour la France » de Rachid Hami, avec Karim Leklou, Shaïn Boumedine, Lubna Azabal, Laurent Lafitte et Samir Guesmi.
Avec « Pour la France », l’acteur et réalisateur de 37 ans, Rachid Hami, qui s’est largement inspiré de ses souvenirs personnels, nous propose ici, au-delà de sa dimension politique, un véritable film d’auteur.
Centré autour du drame qui a endeuillé sa famille en 2012, lorsque son jeune frère Jallal Hami est mort lors d’un « bahutage » à Saint-Cyr (terme retenu par les autorités militaires, de préférence à bizutage, renvoyant ainsi la faute sur ses camarades de promotion plutôt que sur l’école proprement dite), Rachid Hami recrée, sous forme d’hommage au défunt, une superbe fiction romanesque familiale situé entre la France et l’Algérie, avec un détour par Taïwan.
C’est ainsi qu’Ismaël (émouvant Karim Leklou), l’ainé du film, va se battre pour que toute la vérité leur soit révélée et que les plus hauts honneurs militaires soient rendus dignement à son cadet, Aïssa (Shaïn Boumedine, qui a la tâche ingrate de jouer en grande partie le mort de l’histoire).
Rompant avec les clichés traditionnels sur l’immigration et le déracinement, le cinéaste, recourant au flashback, nous donne à voir et à comprendre la situation caractéristique et complexe de ces deux frères, réunis autour du pivot central constitué par leur mère (remarquable Lubna Azabal).
Vingt ans plus tôt, celle-ci, enceinte d’un troisième garçon, avait fait le choix, au plus fort des sanglants évènements algériens des années 1990, de rapatrier sa famille en banlieue parisienne, non sans entrer alors en conflit avec son mari, militaire de carrière, qui ne voulait pas quitter l’Algérie.
Une séparation douloureuse et déterminante dans le parcours de chacun des personnages du film.
A ce moment-là, Aïssa était résolument du côté du père et de l’Algérie, contrairement à son aîné, qui avait opté sans l’ombre d’une hésitation pour sa mère et la France.
Paradoxalement, vingt ans plus tard, tandis Ismaël avait tourné voyou avant de se ranger des voitures et devenir artisan boulanger, Aïssa, le plus beau et le plus doué des trois frères, après avoir terminé un brillant master d’étude à Taïpei, était parvenu à intégrer la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr, bien déterminé à se battre et donner sa vie pour la France !
C’est alors qu’advint le stupide accident, qui donne toute sa dimension à ce film traité sans pathos ni excessive sensiblerie…
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