« La Conspiration du Caire » de Tarik Saleh, avec Tawfeek Barhom, Fares Fares et Mohammad Bakri.
Un thriller à dimension politique et religieuse centré autour de la lutte pour le pouvoir, aussi efficace que les films de Costa-Gavras de la grande époque, tels « Z » ou « L’Aveu ».
Fils d’un père égyptien et d’une mère suédoise, Tarik Saleh, 50 ans, qui a grandi en Suède et a connu la consécration avec « Le Caire Confidentiel » (2017), nous propose une nouvelle variation sur la capitale égyptienne du temps du président Hosni Moubarack.
Interdit de séjour en Égypte, Tarik Saleh a tourné « La Conspiration du Caire », Prix du scénario au Festival de Cannes 2022, en Turquie.
L’histoire du film est vue à travers les yeux d’Adam (Tawfeek Barhom), fils d’un modeste pêcheur d’un village reculé égyptien.
Un jeune musulman zélé, qui a obtenu une bourse pour intégrer la prestigieuse université Al-Azhar du Caire, principal centre d’enseignement de l’Islam sunnite.
Son arrivée coïncide avec la mort du Grand Iman, et l’élection de son successeur.
Aux luttes religieuses intestines propres à l’établissement, entre musulmans modérés et islamistes intégristes, qui évoquent celles du Vatican, Adam va se voir également confronté avec celles des forces politiques en place : les services secrets du régime militaire réuni autour du président à vie Moubarak, qui n’hésitent pas à agir en conséquence pour faire élire leur candidat.
Pour ce faire, tous les moyens leur seront bons.
C’est ainsi qu’Adam va se retrouver, plus ou moins à son corps défendant et sans trop d’état d’âme, dans la position d’indicateur de police !
Quelques invraisemblances et lourdeurs du scénario entachent cependant la narration, rythmée et à la tension soutenue, de ce drame à l’américaine.
Outre le fait que le naïf fils de pêcheur provincial va instantanément comprendre les enjeux politiques et religieux qui se trament à la capitale, on peut regretter la caricature faite de l’iman proche des milieux extrêmistes et en voie d’être élu : un néo Tartuffe déguisé en bon père de famille rigoureux, marié secrètement à la fille (une gamine) de sa bonne à laquelle il a fait un enfant, et qui adore manger des MacDo !
De même que parait invraisemblable le fait qu'Ibrahim (Fares Fares) le responsable des services spéciaux qui chapeaute Adam, un militaire à cheveux longs et boucle d’oreille, ne soit pas au courant que leur précédent indicateur a été tué sur ordre de son propre service.
On peut aussi se poser des questions sur la finalité du message véhiculé par Tarik Saleh.
S’il s’agit de dénoncer le régime militaire égyptien, de notre strict point de vue d’occidentaux, entre la peste Moubarack (ou un autre) et le choléra Islamiste, pas sûr que notre choix se porte sur les seconds.
Quoiqu’il en soit, voilà un film qui fait d’ores et déjà débat !
https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19598305&cfilm=280670.html
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