« Petite nature » de Samuel Theis, avec Aliocha Reinert, Antoine Reinartz, Mélissa Olexa et Izïa Higelin.

 Johnny, dix ans, vit avec sa mère, son grand frère et sa petite soeur à Forbach en Moselle. 

 Avec ses longues boucles blondes, il ressemble au Tadzio de « La mort à Venise » de Lucchino Visconti, mais en plus jeune et dans un milieu nettement moins favorisé. 

 Ici la cité HLM tient lieu de palace !

 Avec une mère immature, qui fait défiler ses amants à la maison, et un ainé passablement caillera, Johnny, qui doit prendre soin de sa cadette, apparait comme l’élément le plus sensé de cette petite tribu instable : une sorte de Eddy Bellegueule lorrain échappé d’un roman de Nicolas Mathieu (Leurs enfants après eux, Connemara).

 Enfant intelligent et curieux, Johnny va faire la rencontre d’un nouvel instituteur, qui va lui permettre d’accéder à la culture et d’envisager un avenir meilleur.

 Une initiation en forme de transfert affectif non dépourvu d’un certain danger toutefois…

 Huit ans après « Party Girl », un premier long-métrage collectif, plus documentaire que fictif sur une ancienne prostituée, Samuel Theis, acteur et cinéaste de 43 ans, signe avec « Petite nature » son premier long métrage de fiction. 

 Un film en grande partie autobiographique, qui, selon ses déclarations : « est né avec cette question : à quel moment dans la vie d’un enfant nait le désir d’émancipation ? C’est un film sur l’éveil - sur les éveils : affectif, intellectuel, sexuel. »

 Un sujet, comme on le voit, sensible, particulièrement casse-gueule, que le cinéaste n’hésite pas à aborder de façon « politiquement incorrecte » : ici, le risque de pédophilie n’est pas du fait de l’adulte mais de la demande de l’enfant mineur.

 La réussite de ce film « délicat » tient en grande partie à la justesse de son casting.

 Aux acteurs « de la première fois », comme les définit joliment Samuel Theis (le jeune Aliocha Reinert est une véritable révélation et dans le rôle de sa mère, Mélissa Olexa est tout aussi étonnante), celui-ci a opposé des acteurs professionnels (Antoine Reinartz, qui incarne l’instituteur, et Izïa Higelin, sa compagne, fonctionnaire au centre Pompidou de Metz).

 Une confrontation qui traduit parfaitement les deux mondes, quasi hermétiques, que le héros de notre histoire est amené à transgresser…

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Maître et élève.