« Anora » de Sean Baker, avec Mikey Madison, Mark Eydelshteyn et Yura Borisov.
Natif de New York, le scénariste et réalisateur anglo-américain Sean Baker, 52 ans, semble s’être fait une spécialité en mettant en scène les travailleurs du sexe.
Un sous-genre comme un autre, en somme, où il excelle !
Après « Tangerine » (2015), contant les tribulations de deux prostituées afro-américaines transgenres à Los Angeles ou « Red Rocket » (2022), narrant celles d’un acteur porno tombé dans la dèche après avoir eu son quart d’heure de célébrité et contraint de retourner vivre au Texas chez son ex-femme et sa belle-mère, Sean Baker s’attache cette fois-ci aux amours d’une strip-teaseuse de Brooklyn et du fils d’un oligarque russe.
Renouant ainsi pour son huitième long métrage avec les situations hors normes et transclasses à souhait, qui nourrissent tout particulièrement son imaginaire.
Si l’histoire de « Anora » n’est pas très nouvelle en soi : une sempiternelle variation sur le thème du prince épousant la bergère, mais entre un riche client et une prostituée expérimentée à la façon de « Pretty Woman », l’originalité du film tient surtout ici au talent propre à ce cinéaste singulier.
Avec cette flamboyante romance, où le savoir faire de l’une et l’argent illimité de l’autre permettent de déployer les possibilités infinies dans l’art et la manière de jouir de la vie, le film nous montre cependant que l’amour ne sera pas au rendez-vous attendu.
Ailleurs, peut-être ?
Un conte (im)moral, qui peut se lire aussi comme la confrontation du pire et du meilleurs entre deux empires décadents : le Russe et l’Américain.
Une fable on ne peut plus crue et moderne, portée par de splendides acteurs et qui a valu à Sean Baker, un habitué du festival de Cannes, une palme d’or justifiée.
https://www.youtube.com/watch?v=a-nYQ5q3maA
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