« L’Île rouge » de Robin Campillo, avec Nadia Tereszkiewicz, Quim Gutiérrez et Charlie Vauselle.
Après deux films confidentiels, Robin Campillo, 60 ans, a connu la consécration avec son troisième long métrage, « 120 battements par minute », Grand Prix au Festival de Cannes en 2017 et largement plébiscité par le public, malgré l’austérité et le particularisme de son sujet : la lutte pour la prévention du sida au début des années 1990 par l'Act Up-Paris.
Cinq ans plus tard, le voici de retour sur nos écrans avec un film, inspiré de sa propre enfance au début des années 70, sur une base de l’armée de l’air française à Madagascar, où sont père, militaire de carrière, avait été muté.
Malgré un accueil mitigé de la critique et une faible fréquentation en salle, ce film, qui n’a même pas été retenu pour participer à la dernière compétition cannoise, est pourtant le plus personnel et le plus réussi de toute sa filmographie.
Bénéficiant de grands moyens, Robin Campillo nous y conte l’éveil à la sexualité d’un enfant sensible, curieux et observateur sur fond de décolonisation définitive de Madagascar, une île aussi grande que la France et l’un des derniers « confetti » de son ex empire.
Pas de bain de sang ni de violence dans ce contexte politique dur dont on ne perçoit que les échos extérieurs, mais plutôt une douce nostalgie sensuelle du monde intérieur d’un enfant pour qui l’imaginaire se borne essentiellement aux exploits de son héroïne de la bibliothèque rose, « Fantomette » !
C’est peu, penseront certains, mais c’est déjà beaucoup !
Car aux superbes images soignées d’un pays de rêve reconstitué sous nos yeux, se mêlent celles de la fin de toute une époque : la sortie d’Eden annonce également ici le crépuscule de la douceur de vivre sous les Trente Glorieuses.
C’est tout un monde qui s’écroule et les mentalités qui vont changer pour les familles, telle celle du héros.
Remarquable prestation de Nadia Tereszkiewicz, dans le rôle de la mère au foyer d’alors, tout à la fois soumise et indépendante, et convaincante interprétation de Quim Gutierrez, dans celui du père macho et aimant à souhait.
Et c’est ainsi que, partant du singulier, tant sur le plan intimiste que politique, le film de Robert Campillo, atteint à l’universel.
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