« Aucun ours » de Jafar Panahi, avec Jafar Panahi, Naser Hashemi et Vahid Mobasheri.
En voiture, « Taxi Téhéran » (2015), ou relié par internet à son équipe de tournage comme ici, Jafar Panahi continuait, tant bien que mal, à faire son cinéma, avant d’être finalement emprisonné (pour une dizaine d’années !), en juillet dernier, par la justice iranienne.
Son ultime long métrage nous conte une double histoire d’amour et d’exil, qui finit mal en général, depuis un village iranien proche de la frontière turque.
Là, tandis qu’il filme en visioconférence l’histoire d’un couple de Téhéran qui cherche à tout prix à quitter le pays pour l'Europe, il est témoin d’une histoire d’amour villageoise en butte aux archaïsmes locaux.
Si en ville, la liberté du couple de fiction se heurte de plein fouet aux autorités en place, le jeune couple du village reculé où s’est réfugié le cinéaste, se voit confronté lui au poids des traditions.
Une jeune fille était promise à un jeune homme depuis sa naissance, afin de solder un conflit entre deux familles du village.
Devenue adulte, elle en aimera un autre et sera pareillement aimée de lui.
Ils n’ont donc d’autre choix que la fuite.
Avec toute sa malice pour déjouer les difficultés morales et matérielles, sa curiosité intacte et son empathie pour ses semblables, ainsi que son humour tendre et distancié face à la lourdeur de la réalité politique et sociale du pays, le cinéaste iranien nous offre un beau film au message éloquent.
Aucun danger à craindre en effet des ours imaginaires de cette histoire, mais tout à craindre des hommes, assurément.
Notamment pour les intellectuels, les femmes et tous ceux qui souhaitent s’affranchir du carcan de la religion et autres superstitions.
Contre toute attente, on souhaite ardemment pouvoir voir le prochain film de Jafar Panahi…
https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19598387&cfilm=306537.html
contact : jackybarozzi@aol.com