« Riverboom » de Claude Baechtold, avec Claude Baechtold, Paolo Woods et Serge Michel.
Les films que l’on fait sans le savoir sont-ils les meilleurs ?
C’est le cas de celui-ci, fruit du hasard et de la nécessité.
Fils d’une famille protestante suisse, aimante et aisée, mais de gauche, Claude Baechtold vivait dans le meilleur des mondes possibles, jusqu’à l’accident mortel de ses parents.
Une sortie brutale du paradis de l’enfance, qui le laissa, alors qu’il était étudiant en art graphique à Lausanne, totalement désemparé.
C’est alors qu’un camarade d’école, le jeune journaliste Serge Michel, issu d’une famille tout aussi protestante que la sienne, lui proposa de l’accompagner en Afghanistan, où ce dernier fut envoyé en reportage par le Figaro, après les terribles attentats du 11 septembre 2001, sur les pas des troupes américaines, censées apporter la paix dans la région.
Avec à leurs côtés un tout aussi jeune photographe italien, Paolo Woods, plus enjoué qu’eux et passablement catho pour sa part.
Pour justifier sa présence auprès de ces deux aspirants professionnels, Claude Baechtold acheta sur place une caméra vidéo avec laquelle il filma, tant bien que mal, leur périple.
Accomplissant ainsi un incroyable circuit, que leur compatriote, l’aventurière Ella Maillart, avait accompli avant eux en 1937, et qui les plaça directement au coeur du conflit, leur permettant de rencontrer les principaux chefs de guerre de l’époque.
Un long périple, particulièrement dangereux, dont notre caméraman en herbe en tira 39 cassettes, qu’il confia à son retour en Suisse à un ami, afin de les numériser et que celui-ci perdit aussitôt !
Les retrouvant seulement une vingtaines d’années plus tard.
C’est le montage de ce qui fut pour lui un véritable voyage initiatique qui, au risque de la perdre plusieurs fois, lui sauva finalement la vie, que Claude Baechtold nous donne à voir aujourd’hui.
Nous proposant ainsi un film, à la narration distanciée et particulièrement drôle, qui n’en reste pas moins un document exceptionnel sur l’histoire contemporaine de l’ Afghanistan.
Mieux qu’un documentaire, c'est un film où l’on rit beaucoup pour ne pas pleurer, tels ses habitants, sur un pays qui fut jadis un paradis, lui aussi, et qui, des Russes aux Américains, de Ben Laden aux Talibans actuels, se retrouve désormais au centre du cauchemar mondial.
https://www.youtube.com/watch?v=1ljJNaEdIdQ
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