« Ernest Cole, photographe » de Raoul Peck.
Si, comme moi, vous ne connaissiez pas l’oeuvre du photographe sud-africain Ernest Cole (1940-1990), le documentaire de Raoul Peck est l’occasion ou jamais de réparer cette lacune !
Mieux qu’à travers une exposition rétrospective sur l’ensemble du travail d’Ernest Cole, le dernier film du documentariste haïtien donne vie aux photos exceptionnelles du photographe dont on a retrouvé, en 2017, 60 000 négatifs dans le coffre d'une banque suédoise, soigneusement classés et accompagnés de notes et documents !
Un mystère non encore élucidé à ce jour, mais qui a permis de rapatrier l’essentiel de son travail dans son pays d’origine.
Influencé par le livre de photos réalistes qu’Henri Cartier-Bresson avait réalisé à Moscou, Ernest Cole fut le premier à exposer au monde entier les horreurs singulières de l'apartheid.
Des images fortes, brutales, datées et intemporelles rassemblées pour la plupart dans son livre House of Bondage (La maison de servitude, en français), publié en 1967 alors qu'il n'avait que 27 ans.
Une publication qui le contraignit à s'exiler à New York et en Europe pour le restant de sa vie : il fut emporté par un cancer du pancréas juste avant la fin de l'apartheid !
Réactualisant ses photos par des images mobiles et lui prêtant jusqu’à sa voix (le « je » du réalisateur prolongeant celui du photographe), le cinéaste engagé Raoul Peck, nous conte les errances, les tourments et les déceptions de son frère aîné d’art et d’exil, découvrant alors, bien au-delà du régime de l’Apartheid, la dure condition des Noirs aux Etats-Unis et dans le monde occidental.
Un superbe film d’images fixes et animées, nous offrant un double regard, tout à la fois impitoyable et plein d’empathie, en hommage à tous les damnés et exilés de la terre.
https://www.youtube.com/watch?v=opqi1MJV-kk
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