« La Chambre d’à côté » de Pedro Almodóvar, avec Tilda Swinton, Julianne Moore et John Turturro.
J’ai tout de suite éprouvé une certaine gêne à la vision du dernier film du cinéaste de la movida, comme si j’assistais à une version doublée et non à la VO.
Une version où l’exubérance espagnole aurait cédé la place à une froideur glacée toute britannique.
Me demandant constamment, bien que ça y ressemblât fort, si c’était bien pourtant encore un film d’Almodovar ?
Certes, le sujet traité est particulièrement morbide, puisqu’il s’agit d’une histoire de mort assistée, mais là n’est pas à proprement parler le fond du problème.
Tous les films d’Almodovar ne parlent-ils pas de l’amour et de la mort ?
Non, c’est plutôt le changement de décor, New York se substituant ici à Madrid, et de casting, les actrices hollywoodiennes remplaçants les habituelles actrices espagnoles qui sont en cause.
Une question de déracinement et de changement géographique, qui auraient pu être radicaux et qui, paradoxalement, après un long temps d’adaptation (c’est le cas de le dire), m’ont permis d’apprécier la clarté et la linéarité du scénario, sa profondeur de champ, et la justesse du duo d'interprètes.
Ainsi que la beauté des longs plans hitchcockiens sur les visages des protagonistes, sur les intérieurs soignés, sur la luxuriance de la nature environnante où sur l’habitacle des voitures filmées en survol glissant sur le bitume des rues et des routes…
L’origine du cinéma mélodramatique d’Almodovar n’est-il pas originellement hollywoodien ?
Pari réussi finalement pour ce cinéaste tant adulé mais jamais vraiment pris au sérieux.
Lui qui n’a jamais été primé au Festival de Cannes et qui se voit, en fin de carrière, récompensé du Lion d’Or à Venise !
Cela méritait bien une certaine transplantation, non ?
https://www.youtube.com/watch?v=Qv5Z4RTjDBc
contact : jackybarozzi@aol.com