« Azuro » de Matthieu Rozé, avec Valérie Donzelli, Thomas Scimeca et Yannick Choirat.
D'après Les Petits chevaux de Tarquinia de Marguerite Duras (1953).
Le roman existentialiste d’après guerre de l’écrivaine germanopratine, librement adapté et modernisé ici, où les personnages disposent désormais de téléphones portables, est un éternel prétexte à observer, par temps de canicule, les atermoiements des couples hétéro normés, toujours pareillement partagés entre l’ennui intrinsèque à la fidélité amoureuse et l’excitation offerte par la possibilité d’un adultère.
On reste toutefois dans l’univers intello propre à Duras, partagé entre humour et mélancolie, lointainement annonciateur de celui, plus partouzard, de Michel Houellebecq.
Dans Azuro, la tentation a les beaux yeux de l’acteur portugais Nuno Lopes et de son séduisant bateau à moteur, sur lequel tous les hommes et toutes les femmes de la joyeuse bande de vacanciers sont disposés à embarquer.
Sur fond d’incendie de forêt menaçant et de rafraîchissants Campari soda, l’adaptation de ce roman psychologique, dont la lecture fut fatale à Yann Andréa, est plaisamment traduit en images par Matthieu Rozé.
Un film idéal à voir par retour de grand froid !
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La femme mariée, Valérie Donzelli, et l'invité, Nuno Lopes.
« Retour à Reims (Fragments) » de Jean-Gabriel Périot, avec Adèle Haenel.
D’après l’essai autobiographique éponyme de Didier Eribon.
Longtemps demeuré homo et prolétaire honteux, Didier Eribon, qui a pu échapper à sa classe d’origine et accéder aux études supérieures, était finalement parvenu à se rapprocher de ses parents, à la fin de leur vie, et à raconter, au-delà de sa propre histoire, celle toute entière du monde ouvrier français du début des années 50 jusqu’à nos jours.
Ce sont de larges fragments de cet essai, paru en 2009, dit en voix off par Adèle Haenel, et essentiellement illustrés de documents d’archives, que nous donne à voir et entendre le réalisateur.
Dans cette adaptation, l’homosexualité de l’auteur, devenu un brillant universitaire, est évacuée, au seul profit de l’aspect politique de son livre.
Loin d’être inintéressant, bien au contraire, et toujours d’actualité en ces temps d’élections présidentielle, le ton délibérément misérabiliste et univoque adopté ici, dans la lignée du réalisme à la Zola, et annonciateur de la sociologie politique d’un Edouard Louis, finit cependant par être un peu lassant aux oreilles du spectateur.
A trop vouloir prouver…, le prolétaire d’hier semble réduit à devoir se recycler en gilet jaune des ronds-points et en futur électeur de Marine Le Pen !
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