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Le musée Rodin, vu du grand bassin au fond de la perspective ouverte depuis la façade principale. En son centre, on peut découvrir le groupe Ugolin et ses enfants, montrant ceux-ci mourant de faim et suppliant leur père de les dévorer, selon les célèbres vers de l’Enfer de Dante : « Le tourment, père, si tu nous manges, serait moindre pour nous ; c'est toi qui revêtis nos pauvres corps de chair, tu peux les dépouiller ». 




Les hommes nus de Rodin entre cour et jardin




Présentation, par ordre chronologique, des principales oeuvres de nus masculins d’Auguste Rodin, exposées en permanence dans les salles et le jardin de l’hôtel de Biron .


7e arrondissement 

Musée Rodin

79 rue de Varenne


   Le splendide hôtel particulier de style rocaille, qui abrite l’actuel musée Rodin, a été construit entre 1727 et 1737 par l'architecte Jean Aubert, pour le compte du riche financier Abraham Peyrenc de Moras.

   C’est pourtant son propriétaire suivant, le maréchal de Biron, qui l’acquit en 1753, qui lui laissera son nom.

   Par la suite, l’hôtel de Biron connut bien des déboires et de nombreux locataires, tels Jean Cocteau, Henri Matisse ou Rainer Maria Rilke, avant qu’Auguste Rodin vînt s’y installer en 1908 et y résida jusqu’à sa mort en 19I7.

   L’Etat, propriétaire des lieux, et auquel le sculpteur légua l’essentiel de son œuvre à condition que celui-ci transformât le site en musée Rodin, respecta la volonté du sculpteur.

   C’est ainsi que depuis 1919, le bâtiment principal accueille sur deux étages de nombreuses sculptures d'Auguste Rodin, en bronze, plâtre, terre-cuite mais également des peintures, plus de 7000 dessins, 10 000 photographies et des œuvres antiques issus des collections du sculpteur. 

   Un fonds auquel se surajoutent plusieurs sculptures de Camille Claudel.

   Tandis que dans le superbe jardin à la française de trois hectares, reconstitué à l’identique, le public peut prolonger la visite en découvrant d’autres merveilles




L'Âge d'Airain, dite aussi L'Homme qui s'éveille ou Le Vaincu, première œuvre importante de Rodin, réalisée à Bruxelles, cette figure pour laquelle un jeune soldat belge, Auguste Ney, servit de modèle, fut exposée au Cercle artistique de Bruxelles en 1877, sans titre, puis au Salon, à Paris, sous le nom de L’Âge d’airain, où elle fit scandale. Un scandale qui attira cependant l’attention sur le sculpteur alors peu connu et lui valut la commande de La Porte de l’Enfer en 1880.


   Jusqu’à l’âge de 50 ans, Auguste Rodin (1840-1917) s’est intéressé principalement au corps des hommes. 

   Dès ses années d’apprentissage, le nu masculin prédomine dans ses copies d’antiques et ses académies.

   En 1877, Rodin étudie assidûment l’œuvre de Michel-Ange.

   Ses dessins représentent surtout des écorchés et des hommes à la musculature prononcée. 

   Quant aux femmes, elles aussi sont comme imprégnées de virilité. 





La Porte de l’Enfer, le grand chef-d’œuvre pour lequel Rodin créa plus de 250 groupes et figures, parmi lesquels se trouvent certaines de ses compositions les plus célèbres, tels Le Penseur ou Ugolin et ses enfants. La Porte se révéla un véritable répertoire de formes, dans lequel le sculpteur puisa durant tout le reste de sa carrière pour créer de nouvelles versions de ses œuvres. 


   

   C’est en 1880 que le sculpteur reçut la commande d’une « porte décorative » ornée de « bas-reliefs représentant la Divine Comédie du Dante », selon les termes de l’arrêté ministériel.

   Rodin se jeta dans le travail à corps perdu, s’inspirant d’abord de L’Enfer de Dante, la première partie de la Divine Comédie.

   Progressivement, une nouvelle source d’inspiration s'imposa à Rodin : les Fleurs du mal de Charles.

   Le véritable sujet développé par Rodin est moins la punition des péchés que l’exploration des passions humaines, et tout particulièrement les élans et les tortures que le désir fait naître en chacun d’entre nous.







Le Penseur. Créé dès 1880 dans sa taille d’origine, environ 70 cm, pour orner le tympan de La Porte de l’Enfer, Le Penseur était alors intitulé Le Poète et représentait Dante, penché en avant pour observer les cercles de l’Enfer en méditant sur son œuvre.



   Pour sa pose, cette figure doit beaucoup à l'Ugolin de Jean-Baptiste Carpeaux (1861, musée d'Orsay, Paris) et au portrait assis de Laurent de Médicis sculpté par Michel-Ange (1526-1531, Chapelle des Médicis, Église San Lorenzo, Florence).

   Tout en gardant sa place dans l’ensemble monumental de La Porte, Le Penseur fut exposé isolément dès 1888 et devint ainsi une œuvre autonome.

   Agrandi en 1904, il prit une dimension monumentale qui accrut encore sa popularité : cette image d’un homme plongé dans ses réflexions, mais dont le corps puissant suggère une grande capacité d’action, est devenue l’une des sculptures les plus célèbres au monde




Adam. Figure monumentale en bronze exposée, seule, au Salon de 1881, sous le titre La Création de l’homme, inspirée du célèbre Adam peint par Michel-Ange au plafond de la Chapelle Sixtine (1508-1512).


   En 1881, Rodin obtient de l’administration des Beaux-Arts que lui soit commandées deux grandes figures d’Adam et Ève.

    Un Adam à la musculature puissante mais à l'air tourmentée.

    Le visage tourné vers le sol, l’Adam de Rodin semble insister sur son appartenance terrestre, tandis que Michel-Ange montrait l’homme à l’instant où Dieu lui confère l’étincelle de la vie.




Ugolin et ses enfants, groupe en bronze réalisé en 1881-1882.



   Vraisemblablement inspiré  par l’Ugolin de Jean-Baptiste Carpeaux (1861, musée d’Orsay), célèbre groupe dramatique dont le sujet est tiré de La Divine Comédie de Dante, Rodin réalisa pour La Porte de l'Enfer, un Ugolin rampant sur le corps de ses enfants mourants, mais n'ayant pas encore totalement cédé à ses pulsions bestiales.    Un homme grimaçant et désespéré ayant perdu toute dignité humaine et représenté dans une pose humiliante totalement originale dans l’art de l'époque.

   Après l'avoir situé en bonne place dans La Porte de l'Enfer, Rodin  décida d’en faire également une œuvre autonome.




L’Homme qui marche, 1907.



   La liste des nus masculins réalisés par Auguste Rodin est aussi longue que ses œuvres sont incontournables.

   Avec L’Homme qui marche, le sculpteur marque un tournant décisif dans les représentations artistiques du corps.

   En concevant ce nu sans visage et sans bras, Rodin  renverse les codes esthétiques académiques.

   Ce n’est plus le sujet qui fait œuvre, mais sa création pure.

   Une sculpture qui reste encore aujourd’hui le symbole même du mouvement et annonce déjà les futures sculptures d'Alberto Giacometti.




© Jacques Barozzi

par Jacky Barozzi 31 mars 2025
L'homme de bronze Dans notre salle de bain, un jeune homme au sortir de la douche. Statue en bronze, signée Christian Della Giustina.
par Jacky Barozzi 13 mars 2025
Square Jean-XXIII, ex square de l'Archevêché, premier jardin public de Paris. Une si longue absence ! Quand retrouvera t-on le square Jean-XXIII, fermé au public depuis l’incendie de Notre-Dame de Paris les 15 et 16 avril 2019, il va y avoir six ans ?  SQUARE JEAN-XXIII (1844) 4° arr., quai de l’Archevêché, rue du Cloître-Notre-Dame, M° Cité C’est sous Louis XIII, en 1622, que l’évêché de Paris fut érigé en archevêché et sous Louis XIV, en 1697, que l’archevêque Louis-Antoine de Noailles, futur cardinal, transforma l’ancienne demeure épiscopale en un superbe palais, siège de l’archevêché. Il se dressait au chevet de Notre-Dame et tout l’espace alentour, entre la cathédrale et la Seine, était occupé par un lacis de ruelles et un entrelacs de maisons et de chapelles. Saccagé lors des émeutes de 1831, le palais de l’Archevêché fut bientôt démoli et c’est sur ce terrain laissé vague que le préfet de la Seine Rambuteau décida d’ouvrir un jardin public en 1844. Il créait ainsi le premier square public de quartier, type qu’Haussmann allait développer sous le Second Empire. Dans ce simple carré entouré de grilles, Rambuteau fit installer des bancs, ce qui était alors extrêmement rare tant on craignait de nuire à la location des chaises ! En 1845 fut inaugurée au centre du square la Fontaine de la Vierge , une œuvre néogothique de l’architecte Vigoureux sculptée par Louis Merlieux.
par Jacky Barozzi 26 février 2025
Diomède, Arès (de dos) et Hermès. La pyramide des hommes nus Pour les sculptures les plus anciennes, depuis l’antiquité jusqu’au 18e siècle, il est impératif de se rendre au Musée du Louvre. Là, le visiteur peut y admirer une multitude de nus masculins des dieux et des personnages mythologiques des civilisations antiques de l’ensemble du bassin méditerranéen. Pour respecter la chronologie, il convient de commencer par le Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, de se rendre ensuite dans la cour Marly et d’achever le parcours en faisant un détour par la salle des Caryatides. Petite sélection des principales merveilles qui vous y attendent…
par Jacky Barozzi 19 février 2025
Anacreon de Jean-Baptiste Claude Eugène Guillaume (1822 - 1905), marbre réalisé en 1849-1851. Au musée de l’homme nu Installé dans l'ancienne gare d'Orsay, le musée éponyme a été inauguré en 1986. Dit aussi musée du XIXe siècle, ses collections de peinture, sculpture, arts décoratifs, art graphique, photographie, architecture… en font l’un des plus grands musées d'Europe pour cette période. Outre la richesse des tableaux impressionnistes qui y sont exposés, on y trouve aussi quelques unes des plus belles sculptures de la seconde moitié du XIXe et du début du XXe siècle, époque flamboyante de la sculpture parisienne. Aux oeuvres de Rodin ou Bourdelle, déjà évoquées précédemment, mentionnons la puissance et la grâce des principaux nus masculins conservés à Orsay.
par Jacky Barozzi 17 février 2025
Le Génie de la Liberté , bronze de 1885, musée du Louvre. Splendeur et humilité de l’homme nu 4e, 11e et 12e arrondissements Place de la Bastille  Le Génie de la Liberté , dit aussi Le Génie de la Bastille , statue en bronze doré réalisée par Auguste Dumont (1801-1884). Elle surmonte depuis 1836 la colonne de Juillet. D'une hauteur de 4 mètres, elle figure la liberté sous des traits masculins et représente un génie ailé qui brandit, dans la main droite un flambeau et la gauche les chaînes brisées du despotisme, tout en s'élançant dans les airs depuis son pied gauche.
par Jacky Barozzi 16 février 2025
Hydrorrhage du sculpteur Jean-Robert Ipoustéguy. Un nu classé X 5e arrondissement Jardin Tino-Rossi, quai Saint-Bernard Aménagé en jardin entre 1975 et 1980, le quai Saint-Bernard est constitué d'une suite de promenades, entre les ponts d’Austerlitz et de Sully. C’est là qu’a été installé le musée de Sculptures en plein air de la Ville de Paris, consacré essentiellement aux œuvres de la seconde moitié du XXe siècle. Au centre, un rond-point constitué d’une succession de bassins semi-circulaires, abrite une bien singulière fontaine. Baptisée Hydrorrhage , celle-ci a été réalisée en 1975-1977 par l’architecte Daniel Badani et le sculpteur Jean-Robert Ipoustéguy. Derrière une imposante armure en forme de bouclier, on découvre un homme nu, harnaché d’un attirail relevant proprement de l’iconographie sado-masochiste, et suçotant une sorte de gland tout en se livrant à la masturbation ! Cette audacieuse œuvre, contemporaine de l’époque de la libération sexuelle, semble avoir dépassée les souhaits de son commanditaire. La municipalité a en effet récemment entouré d’un grillage et d’une haie d’arbustes l’ensemble des bassins, empêchant le visiteur de se rapprocher de cette fontaine, autrefois de plain-pied, et en a pudiquement détourné la gerbe principale, qui jaillissait du sexe du personnage et retombait dans le premier bassin depuis le gros tuyau recourbé au centre du bouclier, pour le remplacer dans un premier temps par les deux inoffensifs jets d’eau du bassin, situés de part et d’autre du groupe en bronze. Désormais, la fontaine est à sec et les bassins ont été transformés en pots de fleurs ! 
par Jacky Barozzi 14 février 2025
Le Triomphe de la République (détail), par Jules Dalou, 1899. Les nus triomphaux de Dalou Engagé dans les combats de la Commune, le sculpteur Parisien, Aimé Jules Dalou (1838-1902), ami d’Auguste Rodin, très en vogue dans le dernier quart du 19e siècle, nous a légué une multitude d’oeuvres monumentales ornant les façades, places, jardins, rues ou cimetières de la capitale. Des figures républicaines de style réaliste ou évoquant des scènes mythologiques, empreintes d’une sensualité affirmée, en marbre et en bronze.
par Jacky Barozzi 10 février 2025
Le dernier Calvaire de Paris (18e arr.) Christ et Atalantes Une multitude de Christ de douleur et d'Atlantes en sueur ornent les rues, les églises, les façades ou les cimetières de la capitale, parmi lesquels nous retiendrons ceux-ci. 18e arrondissement Quartier : La Chapelle La Croix de l'Évangile Cette croix de chemin ou calvaire, est la dernière visible à Paris. Elle est située à la jonction de deux chemins devenus, l'un la rue de l'Évangile, l'autre la rue d'Aubervilliers. Son histoire remonte au XVIe siècle, en 1540, à l’époque où une grande plaine s’étendait entre les villages de Saint-Denis, La Chapelle et La Villette, qui étaient alors à l’extérieur des remparts de la ville de Paris. C’était à l’époque, un lieu de vénération important. Chaque année, une grande procession effectuait un trajet triangulaire entre Saint-Denis, la croix de l’Évangile et La Villette. De la totalité des croix parisiennes détruites à la Révolution, seule celle de l’Évangile fut reconstruite en 1860 à son emplacement originel, au bout de la rue de l'Évangile, où les gazomètres de l’époque ont laissé la place à la zone d'activités Cap 18, qui est aujourd'hui la dernière zone Industrielle située dans Paris intra-muros.
par Jacky Barozzi 3 février 2025
Le Génie du sommeil éternel d'Horace Daillion au rond-point central du cimetière du Montparnasse (14e arr.). Éros necropolotain De nombreuses figures d’hommes nus, plein de vie ou de douleur, hantent les cimetières parisiens. Là, Éros n'est-il pas au plus près de Thanatos ?
par Jacky Barozzi 1 février 2025
Les Naufragés par Antoine Etex, 1859. Dangereuses chutes de reins au parc Montsouris 14e arrondissement Parc Montsouris  Conformément à la volonté de Napoléon III, la décision d’aménager cette grande promenade de 16 hectares sur le site de Montsouris fut prise en 1865. Les travaux commencèrent en 1867 sous la direction de l’ingénieur Jean-Charles Adolphe Alphand mais la guerre de 1870 les interrompit et le parc ne fut vraiment achevé qu’en 1878. De singulières sculptures d'hommes nus érotisent cette superbe promenade au sud de Paris.
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