Le cinéma actuel serait-il atteint du syndrome de Robert Bresson qui, très tôt, renonça à employer des acteurs professionnels au profit d’acteurs parfaitement anonymes ?
Il aurait été particulièrement agacé par les caprices de Maria Casarès dans "Les dames du bois de Boulogne" (1945) !
De fait, plusieurs de nos récents films, parmi les plus savoureux et les plus talentueux, ont eu recours à des castings sauvages pour trouver les acteurs et actrices idéaux pour leurs longs métrages.
Telles, dernièrement, Louise Courvoisier avec son superbe « Vingt dieux » ou Agathe Riedinger donnant le rôle principal à l’exceptionnelle mais parfaitement inconnue Malou Khebizi dans son « Diamant brut ».
Un effet de mode dû aux réseaux sociaux avec sa tendance à nous transformer tous en acteurs de nos propres vies ?
Ou un désir effréné de renouvellement accéléré de chair fraîche, dégât collatéral de nos sociétés de consommation de plus en plus effrénée ?
Là, où d’autre y verront plutôt un légitime besoin d’authenticité retrouvée.
Dur dur d’être comédien aujourd’hui, et de s’inscrire dans la durée de ce métier tant adulé !
On connaissait déjà la difficulté, surtout pour les actrices, de poursuivre leur carrière au-delà de leur ticket-jeunesse & beauté !
Thème remarquablement remis au goût du jour par la sublime Demi Moor dans « The Substance » de Coralie Fargeat.
Par où a-t-elle dû en passer pour décrocher un beau rôle !
Ce qui est sûr, pour une fois, c'est que l’on ne pourra pas imputer cette tendance nouvelle au bon vieux machisme traditionnel, car on aura noté au passage que les trois films cités ici sont exclusivement l’oeuvres de jeunes réalisatrices, non pas hollywoodiennes mais françaises, dont l’autre point commun qu’elles partagent avec Robert Bresson, c’est de réaliser des films d’auteur, exclusivement !
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