« Illusions perdues » de Xavier Giannoli, avec Benjamin Voisin, Cécile de France, Vincent Lacoste, Xavier Dolan, Jeanne Balibar et Gérard Depardieu.
Après le récent « Eugénie Grandet » de Marc Dugain, qui constituait un roboratif hors-d’oeuvre, nous pouvons passer au plat de résistance.
L’adaptation cinématographique c’est un peu comme la traduction d’une langue dans une autre. Soit on s’en tiendra a restituer l’oeuvre originale en collant au plus près de la lettre du texte ou bien en prenant des libertés avec lui pour mieux en respecter l’esprit. Mais dans « l’adaptation » d’un roman classique en scénario de film, comme l’action l’indique, il s’agit aussi, en passant d’un support l’autre, de relier, d'adapter, le temps passé à l’époque contemporaine.
De ce point de vue là, Xavier Giannoli et le scénariste Jacques Fieschi ont plutôt réussi leur pari.
A la projection de ces « Illusions perdues », qui nous restituent le Paris trouble et en pleine mutation de la Restauration, le spectateur ne peut manquer d’y apporter sa propre contribution. Pour les
« Royalistes » versus les « Libéraux », il pensera « Droite », « Gauche ». Pour les titres de la presse, et le petit monde de l’édition, de la publicité, de la finance ou du commerce d’alors, il trouvera de lui-même les équivalences : Bolloré, Arnault, Pinault…, constatant ainsi que si les personnages sont interchangeables à volonté, les moeurs et les pratiques, elles, demeurent toujours semblables !
Entre les salons aristocratiques du faubourg Saint-Germain, les salles de rédaction, les théâtres, les brasseries des Grands-Boulevards d’hier et d’aujourd’hui, les choses n’ont guère changé.
Film littéraire au bon sens du terme, de facture historique et forcément académique, où la voix off remplace le narrateur romanesque traditionnel, « Illusions perdues » nous conte, de manière superbement illustrée et dans un Paris parfaitement reconstitué, la splendeur et la décadence d’un Lucien de Rubempré, portrait idéalisé d’Honoré de Balzac himself.
Excellent Benjamin Voisin dans le rôle de l’écrivain ambitieux désillusionné porteur d’une oeuvre romanesque en devenir, entouré d’un casting tout aussi efficace d’une comédie humaine où le cynisme des personnages n’à d’égal l’immoralisme de la société dans laquelle ils baignent (nous baignons encore)…
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