Sans ce viol incestueux à l’âge de 13 ans, Christine Angot serait-elle l’écrivain qu’elle est devenue aujourd’hui ?
Il m’est impossible de l’imaginer en bonne bourgeoise de la middle class !
Depuis la révélation de son inceste, en 1999, elle creuse obsessionnellement le même sillon.
Avec talent et non sans un succès parfaitement justifié, autant du point de vue littéraire que sur le plan humain.
Elle est la pionnière incontestée du meToo français.
La Jeanne d’Arc des jeunes filles pré pubères violées.
Une guerrière non voilée.
Elle porte haut l’étendard pour faire savoir à tous ce que personne ne veut entendre.
Après plusieurs romans, le film !
Ni fiction ni documentaire.
Un vrai film à part entière.
Comme une invitation à un voyage au plus profond de l’intime des principaux protagonistes de l’inceste dont Christine Angot fut la victime : son père, sa mère, la femme de son père, le père de sa fille et sa fille elle-même.
Une famille au sens large.
Intelligemment architecturé, le film va à l’essentiel.
La cinéaste veut absolument entendre de la bouche de chacun d’entre eux, hormis le père devenu alzheimer et disparu à la sortie du livre homonyme, ce qu’ils ont à dire sur son Inceste.
Avec sa « belle-mère », c’est violent !
Avec sa propre mère, c’est guère moins rude (Angot est une avocate générale impitoyable), mais c’est plein d’émotion.
Avec le père de sa fille, c’est plus tendre, il y a de l’amour et de la complicité : une complicité d’enfants violés (une révélation du film)…
Avec sa fille c’est plus compliqué : le lien d’amour entre elles bât très fort mais l’on constate aussi les ravages causés par le grand-père maternel sur sa petite fille.
Le film nous permet d’entrer de plain-pied dans l’intimité des principaux témoins de ce drame familial, au point que l’on se sent un peu délicieusement transformé en voyeur.
Mais c’est pour la bonne cause !
Celle de la morale ou de la littérature ?
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