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BOIS DE BOULOGNE 1852-1855

16° arr., M° Porte-Maillot, Porte-Dauphine ou Porte- d’Auteuil




   De la chênaie englobée dans une vaste forêt située sur la route de Rouen, au nord-ouest de Paris, on ne sait pas grand-chose pour les temps anciens, sinon qu’on l’appelait Rouvray parce qu’elle était constituée essentiellement de rouvres, une variété de chênes plus petite que le chêne commun. A l’époque gallo-romaine, elle était ouverte à tous et servait à se chauffer et à se nourrir. C’est avec les Francs mérovingiens, qui y possèdent une maison pour la chasse, qu’apparaissent les premiers droits de chasse réservés au pouvoir. Par une charte de 717, Chilpéric II concède une partie de la forêt de Rouvray à l’abbaye de Saint- Denis.

   En 1255, sainte Isabelle, sœur du roi saint Louis (Louis IX), fonde dans la forêt de Rouvray l’abbaye des Pauvres Dames clarisses de Longchamp.   

   En 1319, pour commémorer un pèlerinage à Notre-Dame de Boulogne-sur-Mer, une église dédiée à Notre-Dame de Boulogne est fondée au hameau des Menuls, ancien nom du village de Boulogne.

   En 1474, Louis XI donne la charge de la forêt de Rouvray à Olivier Le Daim afin de la remettre en état après les dégâts de la guerre de Cent Ans et de surveiller son exploitation. Deux routes sont alors tracées qui, de Passy, conduisent l’une à Boulogne, l’autre au bac de Neuilly.

   François Ier, de retour de captivité après la défaite de Pavie, se fait construire dans la forêt de Rouvray un château destiné à loger la Cour lors des chasses royales. Les travaux commencent en 1527 et cette demeure, inspirée de l’architecture espagnole que le roi avait découverte lors de son exil, recevra le nom de château de Madrid. Dix ans plus tard, le parc était constitué mais le château ne sera achevé que vers 1552, sous Henri II, qui édifie vers 1558 autour du bois un mur de clôture percé de huit portes.

   C’est vers cette époque que le nom de Boulogne commence à s’imposer pour désigner la forêt de Rouvray.

   

   




   En 1572, Charles IX fait construire le pavillon de chasse de La Meutte, futur château de La Muette.

   Sous le règne de Henri IV, qui voulait développer en France la culture du vers à soie, 15 000 mûriers sont plantés dans le bois.

   C’est Louis XIV qui édicte les premières règles de conservation et de renouvellement des plantations, par la Grande Ordonnance forestière de 1669. Le souverain, qui veut faire du bois un grand domaine pour la chasse royale, fait percer des avenues droites qui se rejoignent en étoiles. Par ailleurs, il autorise l’accès du public en lui faisant ouvrir les huit portes du mur de clôture. Le bois devient dès cette époque, et pour tout le XVIII° siècle, un lieu de promenade très fréquenté des Parisiens le dimanche. Quant à la haute société, elle s’y rend plusieurs fois l’an, en grand équipage, notamment pour la revue militaire dans la plaine des Sablons et pour la traditionnelle promenade à l’abbaye de Longchamp durant la Semaine Sainte.

   Au XVIII° siècle, de belles demeures sont élevées en lisière du bois, l’ancien pavillon de chasse de Charles IX est transformé en château de La Muette pour Louis XV et le château de Bagatelle est construit pour le comte d’Artois.

   A la Révolution, le bois est presque entièrement dévasté, l’abbaye de Longchamp et le

 château de Madrid sont détruits, La Muette est vendue et morcelée et seul Bagatelle échappe à la destruction. En 1815, les Alliés y installent leur campement, causant de si grands dommages qu’une grande partie des arbres disparaît. Il faudra attendre le Second Empire pour que le bois redevienne la brillante promenade qu’il avait été.

   







   Après la révolution de 1848, le bois devient propriété de l’Etat qui le cède en 1852 à la Ville, avec obligation de l’aménager en promenade publique et de l’entretenir.

   A cette époque, il existait déjà à Londres des promenades accessibles à tous et Napoléon III, qui

 les avait découvertes durant son exil, décida de créer aux portes de Paris la première promenade aménagée pour le public. Voulant éblouir l’Europe entière, il exigea que la promenade soit prête pour l’Exposition universelle de 1855 ; 1 200 hommes et 300 chevaux y travaillèrent sans relâche durant six années.

   Hittorff fut nommé en 1852 « architecte du bois » et il s’adjoignit les services du jardinier

paysagiste Louis-Sulpice Varé qui commença de procéder aux aménagements tout en décidant de respecter la topographie des lieux et les arbres existant. Pour répondre aux souhaits de l’empereur, qui voulait une rivière sur le modèle ce celle de Hyde Park à Londres, Varé creusa une large tranchée sur 1,5 kilomètre et comportant deux îles. Malheureusement, ses calculs s’avérèrent mauvais car la dénivellation était telle que les deux extrémités ne pouvaient être en eau simultanément. Hittorff et Varé furent remerciés et Haussmann, qui était devenu préfet de la Seine en 1853, les remplaça par l’ingénieur Jean-Charles Adolphe Alphand qui, assisté de l’horticulteur Jean-Pierre Barillet-Deschamps et de l’architecte Gabriel Davioud, allait mener à bien les travaux de ce parc à l’anglaise tant désiré par Napoléon III.


 





   La rivière fut transformée en deux lacs, le trop-plein du lac Supérieur se déversant en une cascade de 6 mètres de haut dans le lac Inférieur, et les deux lacs, inaugurés en 1854, furent entourés de routes.

   A l’exception des allées de la Reine-Marguerite et de Longchamp, qui furent conservées, toutes les autres allées furent modifiées pour être transformées en lignes courbes et sinueuses.

   Des pelouses furent créées en bordure des pièces d’eau et de nouvelles portes furent construites, chacune avec sa maison de garde.

   A la fin de l’année 1854, le projet était abouti et il ne restait plus qu’à terminer la voirie, soit 58 kilomètres de routes empierrées carrossables, 11 kilomètres d’allées cavalières ensablées et 25 kilomètres de sentiers piétons en sous-bois.

   Des acquisitions menées en 1855 avaient agrandi la superficie du bois, sensiblement la même qu’aujourd’hui, et le mur de clôture avait été supprimé.

   Alphand compléta le réseau d’eau avec trois rivières alimentées par le lac Inférieur et s’écoulant vers les étangs de la porte de Neuilly, la mare Saint-James et la Grande cascade du carrefour de Longchamp.

 






   De grands arbres et des arbustes, 420 000 environ, furent plantés dans les deux îles du lac Inférieur, aux abords des cours d’eau, des cascades, des principales routes et des entrées du bois, tandis que des massifs de fleurs venaient orner les plus beaux sites.

   L’ancien moulin de l’abbaye de Longchamp fut restauré et des bancs, des chalets et des abris furent élevés par Davioud pour les promeneurs. Un hippodrome, celui de Longchamp, fut inauguré en 1857.

   Tous ces travaux avaient coûté cher et des concessions furent accordées dès 1854 à des sociétés privées : le Pré-Catelan fut inauguré en 1856 et le jardin d’Acclimatation ouvrit ses portes en 1860.

   Le succès fut immédiat et le bois devint, tous les après- midi de la semaine, le lieu des rendez-vous élégants tandis que le dimanche s’y pressaient les bourgeois, les employés et les marchands.

   Sous la Commune, de nombreux arbres furent abattus pour consolider les bastions et l’on déboisa pour les besoins militaires mais aussi pour chauffer les Parisiens.

   En 1872, on concéda la partie du bois la plus abîmée à la Société des Steeple-Chase d’Auteuil pour y créer un hippodrome réservé aux épreuves d’obstacles, inauguré en 1873. A partir des années 1880, on accorda de nombreuses concessions dévolues au sport mais aussi à l’établissement de restaurants. En 1905, on équipa le bois de candélabres électriques.

 







 Dans un passé récent, la construction du boulevard périphérique a entraîné le creusement d’un souterrain sous le lac Supérieur tandis que le Jardin fleuriste municipal (Serres d’Auteuil) était amputé d’une partie de son terrain.

 Aujourd’hui, si le bois de Boulogne n’a pas toujours bonne réputation, surtout la nuit, il offre dans la journée un agréable dépaysement et de nombreux divertissements, avec ses 846 hectares qui conservent, pour l’essentiel, leur tracé de promenade à l’anglaise du Second Empire. Le bois possède de nombreuses espèces et l’on y trouve en quantités à peu près égales chênes, érables, hêtres, charmes, marronniers, tilleuls, pruniers, platanes et robiniers, tous plantés après 1815.






par Jacky Barozzi 31 mars 2025
L'homme de bronze Dans notre salle de bain, un jeune homme au sortir de la douche. Statue en bronze, signée Christian Della Giustina.
par Jacky Barozzi 13 mars 2025
Square Jean-XXIII, ex square de l'Archevêché, premier jardin public de Paris. Une si longue absence ! Quand retrouvera t-on le square Jean-XXIII, fermé au public depuis l’incendie de Notre-Dame de Paris les 15 et 16 avril 2019, il va y avoir six ans ?  SQUARE JEAN-XXIII (1844) 4° arr., quai de l’Archevêché, rue du Cloître-Notre-Dame, M° Cité C’est sous Louis XIII, en 1622, que l’évêché de Paris fut érigé en archevêché et sous Louis XIV, en 1697, que l’archevêque Louis-Antoine de Noailles, futur cardinal, transforma l’ancienne demeure épiscopale en un superbe palais, siège de l’archevêché. Il se dressait au chevet de Notre-Dame et tout l’espace alentour, entre la cathédrale et la Seine, était occupé par un lacis de ruelles et un entrelacs de maisons et de chapelles. Saccagé lors des émeutes de 1831, le palais de l’Archevêché fut bientôt démoli et c’est sur ce terrain laissé vague que le préfet de la Seine Rambuteau décida d’ouvrir un jardin public en 1844. Il créait ainsi le premier square public de quartier, type qu’Haussmann allait développer sous le Second Empire. Dans ce simple carré entouré de grilles, Rambuteau fit installer des bancs, ce qui était alors extrêmement rare tant on craignait de nuire à la location des chaises ! En 1845 fut inaugurée au centre du square la Fontaine de la Vierge , une œuvre néogothique de l’architecte Vigoureux sculptée par Louis Merlieux.
par Jacky Barozzi 26 février 2025
Diomède, Arès (de dos) et Hermès. La pyramide des hommes nus Pour les sculptures les plus anciennes, depuis l’antiquité jusqu’au 18e siècle, il est impératif de se rendre au Musée du Louvre. Là, le visiteur peut y admirer une multitude de nus masculins des dieux et des personnages mythologiques des civilisations antiques de l’ensemble du bassin méditerranéen. Pour respecter la chronologie, il convient de commencer par le Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, de se rendre ensuite dans la cour Marly et d’achever le parcours en faisant un détour par la salle des Caryatides. Petite sélection des principales merveilles qui vous y attendent…
par Jacky Barozzi 19 février 2025
Anacreon de Jean-Baptiste Claude Eugène Guillaume (1822 - 1905), marbre réalisé en 1849-1851. Au musée de l’homme nu Installé dans l'ancienne gare d'Orsay, le musée éponyme a été inauguré en 1986. Dit aussi musée du XIXe siècle, ses collections de peinture, sculpture, arts décoratifs, art graphique, photographie, architecture… en font l’un des plus grands musées d'Europe pour cette période. Outre la richesse des tableaux impressionnistes qui y sont exposés, on y trouve aussi quelques unes des plus belles sculptures de la seconde moitié du XIXe et du début du XXe siècle, époque flamboyante de la sculpture parisienne. Aux oeuvres de Rodin ou Bourdelle, déjà évoquées précédemment, mentionnons la puissance et la grâce des principaux nus masculins conservés à Orsay.
par Jacky Barozzi 17 février 2025
Le Génie de la Liberté , bronze de 1885, musée du Louvre. Splendeur et humilité de l’homme nu 4e, 11e et 12e arrondissements Place de la Bastille  Le Génie de la Liberté , dit aussi Le Génie de la Bastille , statue en bronze doré réalisée par Auguste Dumont (1801-1884). Elle surmonte depuis 1836 la colonne de Juillet. D'une hauteur de 4 mètres, elle figure la liberté sous des traits masculins et représente un génie ailé qui brandit, dans la main droite un flambeau et la gauche les chaînes brisées du despotisme, tout en s'élançant dans les airs depuis son pied gauche.
par Jacky Barozzi 16 février 2025
Hydrorrhage du sculpteur Jean-Robert Ipoustéguy. Un nu classé X 5e arrondissement Jardin Tino-Rossi, quai Saint-Bernard Aménagé en jardin entre 1975 et 1980, le quai Saint-Bernard est constitué d'une suite de promenades, entre les ponts d’Austerlitz et de Sully. C’est là qu’a été installé le musée de Sculptures en plein air de la Ville de Paris, consacré essentiellement aux œuvres de la seconde moitié du XXe siècle. Au centre, un rond-point constitué d’une succession de bassins semi-circulaires, abrite une bien singulière fontaine. Baptisée Hydrorrhage , celle-ci a été réalisée en 1975-1977 par l’architecte Daniel Badani et le sculpteur Jean-Robert Ipoustéguy. Derrière une imposante armure en forme de bouclier, on découvre un homme nu, harnaché d’un attirail relevant proprement de l’iconographie sado-masochiste, et suçotant une sorte de gland tout en se livrant à la masturbation ! Cette audacieuse œuvre, contemporaine de l’époque de la libération sexuelle, semble avoir dépassée les souhaits de son commanditaire. La municipalité a en effet récemment entouré d’un grillage et d’une haie d’arbustes l’ensemble des bassins, empêchant le visiteur de se rapprocher de cette fontaine, autrefois de plain-pied, et en a pudiquement détourné la gerbe principale, qui jaillissait du sexe du personnage et retombait dans le premier bassin depuis le gros tuyau recourbé au centre du bouclier, pour le remplacer dans un premier temps par les deux inoffensifs jets d’eau du bassin, situés de part et d’autre du groupe en bronze. Désormais, la fontaine est à sec et les bassins ont été transformés en pots de fleurs ! 
par Jacky Barozzi 14 février 2025
Le Triomphe de la République (détail), par Jules Dalou, 1899. Les nus triomphaux de Dalou Engagé dans les combats de la Commune, le sculpteur Parisien, Aimé Jules Dalou (1838-1902), ami d’Auguste Rodin, très en vogue dans le dernier quart du 19e siècle, nous a légué une multitude d’oeuvres monumentales ornant les façades, places, jardins, rues ou cimetières de la capitale. Des figures républicaines de style réaliste ou évoquant des scènes mythologiques, empreintes d’une sensualité affirmée, en marbre et en bronze.
par Jacky Barozzi 10 février 2025
Le dernier Calvaire de Paris (18e arr.) Christ et Atalantes Une multitude de Christ de douleur et d'Atlantes en sueur ornent les rues, les églises, les façades ou les cimetières de la capitale, parmi lesquels nous retiendrons ceux-ci. 18e arrondissement Quartier : La Chapelle La Croix de l'Évangile Cette croix de chemin ou calvaire, est la dernière visible à Paris. Elle est située à la jonction de deux chemins devenus, l'un la rue de l'Évangile, l'autre la rue d'Aubervilliers. Son histoire remonte au XVIe siècle, en 1540, à l’époque où une grande plaine s’étendait entre les villages de Saint-Denis, La Chapelle et La Villette, qui étaient alors à l’extérieur des remparts de la ville de Paris. C’était à l’époque, un lieu de vénération important. Chaque année, une grande procession effectuait un trajet triangulaire entre Saint-Denis, la croix de l’Évangile et La Villette. De la totalité des croix parisiennes détruites à la Révolution, seule celle de l’Évangile fut reconstruite en 1860 à son emplacement originel, au bout de la rue de l'Évangile, où les gazomètres de l’époque ont laissé la place à la zone d'activités Cap 18, qui est aujourd'hui la dernière zone Industrielle située dans Paris intra-muros.
par Jacky Barozzi 3 février 2025
Le Génie du sommeil éternel d'Horace Daillion au rond-point central du cimetière du Montparnasse (14e arr.). Éros necropolotain De nombreuses figures d’hommes nus, plein de vie ou de douleur, hantent les cimetières parisiens. Là, Éros n'est-il pas au plus près de Thanatos ?
par Jacky Barozzi 1 février 2025
Les Naufragés par Antoine Etex, 1859. Dangereuses chutes de reins au parc Montsouris 14e arrondissement Parc Montsouris  Conformément à la volonté de Napoléon III, la décision d’aménager cette grande promenade de 16 hectares sur le site de Montsouris fut prise en 1865. Les travaux commencèrent en 1867 sous la direction de l’ingénieur Jean-Charles Adolphe Alphand mais la guerre de 1870 les interrompit et le parc ne fut vraiment achevé qu’en 1878. De singulières sculptures d'hommes nus érotisent cette superbe promenade au sud de Paris.
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