« Jeanne du Barry » de Maïwenn, avec Maïwenn, Johnny Depp, Benjamin Lavernhe et Melvil Poupaud.

   Ce n’est pas particulièrement original, ni historiquement rigoureux, mais ce film plutôt académique dans sa forme et anecdotique dans le fond, présenté en ouverture du Festival de Cannes 2023, est une somptueuse machinerie cinématographique dont la totale maîtrise de la part de sa réalisatrice-actrice est proprement impressionnante.

   Certes, Maïwenn est peut-être un peu trop âgée pour tenir le rôle titre, mais on ne voit pas ici qui mieux qu’elle aurait pu incarner avec autant d'éclat et de conviction le personnage principal.

   D’autant plus que ce film historique se double aussi d’un film d’auteure : à travers le siècle du Bien Aimé Louis XV, Maïwenn nous renvoie à la France contemporaine.

   Avec audace et courage.

   Ce n’était pas évident de confier le rôle du monarque libertin à Johnny Depp et pourtant ce roi sulfureux hollywoodien y trouve superbement sa place.

   Tandis que Benjamin Lavernhe s’impose magistralement dans le rôle de son fidèle valet.

   J’aime beaucoup Maïwenn, qui s’offre de plus la liberté d’être ici doublement incorrecte.

   Avec cette histoire d’une fille de rien accédant à une position suprême à la cour grâce à son art et sa pratique du libertinage, celle-ci n’hésite pas à prendre le contrepied du discours féministe officiel et puritain du mouvement #MeToo.

   De plus, cette enfant de la mixité franco-algérienne, se montre plus favorable à l’intégration sociale qu’au communautarisme originel en vigueur chez les wokistes actuels, et nous apparait plus royaliste que les royalistes en s’appropriant l’histoire de France à son propre compte.,

   Au point qu’elle nous offre une image réhabilitée du futur Louis XVI, habituellement vilipendé, en le présentant ici dans les atours d'un lion superbe et généreux !

   Encourant le risque d’être définitivement marqué comme réac de droite, Maïwenn s’affirme tout au contraire moderne et libre. 

   Cela méritait bien un sacre au palais du festival de Cannes, non ?

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